Lors d'une interview accordée à France 24, le Premier ministre libanais Tammam Salam a évoqué la situation "urgente" de son pays, face à la menace jihadiste de l'organisation de l'État islamique, notamment à Arsal, à la frontière libano-syrienne.
C'est un Premier ministre libanais serein mais inquiet qui a répondu aux questions de Marc Perelman, chroniqueur à France 24. À l'heure où l'organisation de l'État islamique (EI) ne cesse d'étendre son influence sur les territoires syrien et irakien, Tammam Salam est revenu sur "l'urgence" de la situation dans son pays, en marge de la Conférence sur la sécurité de Munich. "[Les jihadistes de l'EI] essaient de nous atteindre mais nous avons une armée exceptionnellement déterminée à défendre [le Liban]. Nous avons une unité nationale. [...] "Il ne faut pas laisser ces sauvages [de l'EI] rentrer au Liban", a-t-il déclaré.
L'inquiétude de Tammam Salam vient surtout de la dégradation de la situation à Arsal, près de la frontière libano-syrienne. Dans cette ville de 35 000 habitants, les autorités doivent gérer l'afflux de milliers de Syriens qui fuient la guerre et les attaques des jihadistes de l'EI, cachés dans les montagnes alentour. "[Les combattants de l'EI] ont essayé de faire des troubles dans le pays mais nous avons remis de l'ordre", rassure le Premier ministre libanais. Restent des confrontations et des tensions dans la zone. "Nous avons 100 000 réfugiés syriens. Cela pose problème parce que certains sont en contact avec les extrémistes dans les montagnes de cette région. Ce n'est pas facile, concède-t-il".
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Le Premier ministre libanais a affirmé qu'il attendait la livraison d'armes pour améliorer sa lutte contre les terroristes. "[La France] manifeste [son] intention de faire [son] possible pour que des armes nous parviennent [...] Nous espérons [que ces armes] arriveront le plus tôt possible [....] surtout des hélicoptères", précise-t-il.
Le dispositif de sécurité est d'autant plus délicat à maintenir que de violents incidents opposent également Israël au Hezbollah à la frontière du Sud-Liban. Deux soldats israéliens et un casque bleu espagnol de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (Finul) ont été tués dans l’opération menée le 28 janvier par le mouvement chiite contre un convoi de Tsahal à la frontière. "Le Hezbollah et d'autres groupes mettent en danger la sécurité du Liban", a indiqué Tammam Salam.
Ces violences laissent craindre une nouvelle guerre. Israël et le Hezbollah ont déjà été en 2006 les protagonistes d'un conflit sanglant qui a tué plus de 1 200 Libanais, des civils pour la plupart, et 160 Israéliens, des soldats en majorité. Inquiet, le sécrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé début février à un "maximum de calme et de retenue", exhortant toutes les parties à "agir de manière responsable pour empêcher toute escalade dans un environnement régional déjà tendu".
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Tammam Salam a également présenté ses condoléances à la Jordanie et au Japon pour la mort de leurs otages, assassinés par les combattants de l'EI, au mois de janvier. "Toutes nos [condoléances] sont avec la Jordanie. Nous-mêmes, nous avons connu des moments difficiles. Nous avons eu deux soldats libanais décapités. Et nous avons toujours des otages aux mains de Daech et du Front al-Nosra [...]", a ajouté le chef du gouvernement tout en regrettant que "personne ne commente ou ne présente ses condoléances aux Libanais [quand des soldats du Pays du Cèdre sont assassinés par les jihadistes]". "Il faut que le monde entier prenne des mesures pour aider les Libanais", a-t-il encore précisé.