François Hollande et Angela Merkel se sont entretenus vendredi avec Vladimir Poutine à Moscou. Le couple franco-allemand, qui était la veille à Kiev, cherche à obtenir un cessez-le-feu dans l'est de l'Ukraine.
Après Kiev jeudi, François Hollande et Angela Merkel sont à Moscou, vendredi 6 février. Face à l'intensification des combats dans l'est de l'Ukraine, le président français et la chancelière allemande devaient tenter de convaincre Vladimir Poutine d'accepter le nouveau plan de paix qu'ils ont défini dans l'urgence.
L'initiative franco-allemande, soutenue par Washington et par l'Union européenne, a tout de la médiation de la dernière chance au terme de 10 mois d'un conflit qui a fait plus de 5 300 morts et a provoqué une crise internationale rappelant les crispations Est-Ouest de la Guerre froide.
itSelon des informations publiées dans la soirée par le quotidien allemand "Süddeutsche Zeitung", mais démenties par le gouvernement Merkel, ce plan prévoirait de "conclure un cessez-le-feu immédiat " contre une "autonomie plus grande accordée aux séparatistes, sur un territoire plus vaste que celui envisagé jusqu'ici".
"C’est une initiative de la dernière chance, oui, mais les chances sont bien là. Si François Hollande et Angela Merkel affichent une telle confiance, c’est qu’ils savent que leur plan de paix peut être accepté par Vladimir Poutine", explique Elena Volochine, correspondante de France 24 dans la capitale russe.
Avant de s'envoler pour Moscou, les dirigeants européens ont exposé au président ukrainien Petro Porochenko le plan annoncé, à la surprise générale, jeudi, par François Hollande lors d'une conférence de presse à Paris.
Le plan de paix de Hollande et Merkel, une "contre-proposition"
La présidence ukrainienne a indiqué dans la nuit, après plusieurs heures de négociations entre les trois dirigeants, que leur initiative "laisse espérer un cessez-le-feu" alors que plusieurs centaines de personnes, en majorité des civils, ont péri dans les bombardements et les combats depuis le début de l'année.
Petro Porochenko a également souligné que toutes les parties devaient respecter les accords de paix signés à Minsk en septembre, les seuls pour l'heure signés par les Ukrainiens comme par les rebelles pro-russes, qui ont engrangé ces dernières semaines les victoires militaires.
En fait, l'initiative franco-allemande est plutôt une "contre-proposition" de plan de paix, Vladimir Poutine ayant soumis il y a quelques jours, selon plusieurs sources, des idées à Angela Merkel et François Hollande. Ces derniers en ont alors fait part mercredi aux États-Unis et à l'Ukraine et ont dans la foulée préparé leurs contre-propositions.
L’Élysée a de son côté démenti, vendredi matin, ces informations selon lesquelles la Russie aurait été à l’origine du texte présenté par François Hollande et Angela Merkel. "C’est inexact", insiste une source bien informée, en mettant en garde contre des rumeurs propagées par Moscou. Cette proposition de règlement du conflit "est une initiative franco-allemande, de conception franco-allemande".
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Cette "nouvelle proposition de règlement sur le conflit" garantit "l'intégrité territoriale de l'Ukraine", a assuré le chef de l'État français, tout en prévenant les Russes que le temps était désormais compté et que "l'option de la diplomatie ne peut être prolongée indéfiniment".
"Ce que l’on sait, c’est que parmi les exigences de la Russie, il y a un arrêt sine qua non des bombardements par l’armée ukrainienne", rapporte notre correspondante à Moscou. "Il se murmure également que Vladimir Poutine souhaiterait obtenir un engagement ferme de la part de l'Ukraine de ne pas adhérer à l’Otan ainsi qu'une autonomie accrue pour le Donbass avec la passation aux autorités séparatistes du reste de cette région, dont une partie est actuellement tenue par l’armée ukrainienne", ajoute-t-elle.
Parallèlement à l'initiative franco-allemande, les États-Unis continuaient de réfléchir à la possibilité de livrer des armes à l'armée ukrainienne, qui accumule les revers dans les régions séparatistes de Donetsk et de Lougansk.
Mais en visite à Kiev, le secrétaire d'État américain, John Kerry, a douché les attentes du gouvernement ukrainien concernant une annonce immédiate sur la livraison d'armes létales à l'Ukraine arguant que Washington privilégiait encore "une solution diplomatique".
Avec AFP