La principale ville du nord-est du Nigeria, Maiduguri, a de nouveau été la cible, dimanche, d'une offensive de Boko Haram, à quinze jours de l'élection présidentielle. L'armée nigériane a affirmé avoir repoussé l'attaque.
Aux premières heures, dimanche 1er février, de puissantes explosions et des échanges de tirs ont été entendus alors que des hommes de Boko Haram tentaient une percée dans Maiduguri par le village de Dalwa, au sud de Maiduguri, selon des médias nigérians.
Au moins huit personnes, dont le kamikaze, ont été tuées dimanche dans un attentat-suicide visant une réunion politique au domicile d'un politicien à Potiskum, dans le nord-est du Nigeria, ont indiqué à l'AFP la police et des témoins.
"Nous avons évacué huit corps dont celui du kamikaze vers l'hôpital", a déclaré un officier de police sur les lieux, sous couvert d'anonymat. Sept personnes ont été blessées, a-t-il ajouté.
La réunion se tenait chez Sabo Garbu, candidat aux législatives du 14 février – le même jour que la présidentielle –, qui appartient à la majorité au pouvoir. Aucun des participants n'a été blessé, ont ajouté un policier et trois témoins.
Quatre habitants, joints au téléphone par l'AFP, ont déclaré que l'attaque avait été lancée vers 3 heures du matin. Un chef de milice joint par France 24 a affirmé que certains membres de la Force civile conjointe, une milice composée d’habitants de Maiduguri qui vient en soutien à l’armée, ont été blessés et que les combats avaient toujours lieu à la mi-journée. Les églises ont été fermées et les rues se sont vidées.
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Forces armées et milices ont affronté les assaillants de Boko Haram pendant plusieurs heures sur plusieurs fronts autour de Maiduguri. Les combats se sont essentiellement concentrés à Mulai, à environ 3 km de la capitale de l'État de Borno, selon des habitants.
L'attaque des islamistes a finalement été "repoussée", a annoncé l'armée nigériane, douze heures après le début des affrontements. "Les terroristes ont subi de lourdes pertes," a déclaré le porte-parole de l'armée, Chris Olukolade dans un message. "La situation est calme, une opération de ratissage est en cours", a-t-il ajouté.
Seconde attaque en une semaine
Boko Haram a déjà tenté de prendre le contrôle de Maiduguri, capitale de l'État de Borno et berceau historique de l'insurrection, la semaine dernière, mais son attaque avait été repoussée par l'armée.
Le même jour, à environ 130 km au nord, Boko Haram s'était emparé de la ville de Monguno et d'une base militaire, provoquant un nouvel afflux de réfugiés à Maiduguri. Quelque 5 000 déplacés, femmes et enfants pour la plupart, sont arrivés lundi dans cette ville.
Plusieurs experts avaient récemment déclaré qu'ils redoutaient que Boko Haram, en raison du rythme effréné de ses gains territoriaux dans le nord-est du Nigeria, ne tente de nouveau de lancer une attaque sur Maiduguri avant l'élection présidentielle du 14 février.
Catastrophe humanitaire en vue en cas de prise de la ville
De lourdes menaces pèsent aussi sur la sécurité de ce scrutin, Boko Haram tenant de vastes territoires de l'extrême nord-est. Des centaines de milliers d'habitants de la région se sont réfugiés dans les pays frontaliers, Tchad, Cameroun et Niger.
Le conseiller national à la sécurité du Nigeria, Sambo Dasuki, avait déclaré récemment que les élections devaient être reportées, expliquant notamment que 30 millions de cartes d'électeurs n'avaient toujours pas été distribuées.
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La chute de Maiduguri aux mains des islamistes représenterait une énorme défaite pour les forces de sécurité, critiquées pour leur gestion, depuis six ans, de la crise née du soulèvement des islamistes. La prise de la ville risquerait également d'entraîner une catastrophe humanitaire : la population de Maiduguri a doublé ces derniers mois avec l’afflux de centaine de milliers de réfugiés.
Avec AFP