Les pourparlers de paix entre les séparatistes pro-russes et Kiev se sont achevés à Minsk sans accord de cessez-le-feu, samedi. Ces dernières 24 heures, les combats ont redoublé d'intensité dans l'est de l'Ukraine, faisant de nombreuses victimes.
Les pourparlers de paix entre les rebelles et Kiev sont une nouvelle fois dans l'impasse. Samedi 31 janvier, les deux camps réunis durant quatre heures à Minsk (Biélorussie) n'ont pas réussi, une fois de plus, à s'accorder sur un cessez-le-feu. Comme toujours, ils s'accusent mutuellement d'avoir saboté les discussions.
L'ex-président ukrainien Léonid Koutchma, qui représente l'Ukraine dans ces pourparlers, a expliqué que les dirigeants des républiques séparatistes n'étaient pas venus à Minsk et que leurs émissaires avaient "refusé de discuter des mesures pour un cessez-le-feu immédiat et le retrait des armes lourdes".
L'un des représentants de la république autoproclamée de Donetsk, Denis Pouchiline, a pour sa part reproché à Kiev d'"insister sur la ligne de partage établie en septembre" par les accords de Minsk alors que les séparatistes ont considérablement gagné du terrain depuis.
itLes rebelles pro-russes gagnent du terrain
la veille, les séparatistes ont menacé d'élargir leur offensive dans l'est de l'Ukraine, jusqu'à obtenir la "libération totale des régions de Donetsk et de Lougansk", dont une grande partie est toujours contrôlée par le gouvernement de Kiev.
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Dans cette logique guerrière, les combats entre les deux camps ont redoublé d'intensité ces derniers jours sur toute la ligne du front, notamment autour de la ville stratégique de Debaltseve, qui relie les capitales séparatistes de Donetsk et de Lougansk, et près de la localité de Vougleguirsk, dont la prise par les séparatistes signifierait un encerclement quasi-total de Debaltseve. L'armée ukrainienne a déploré la mort de 15 soldats en 24 heures, l'un des pires bilans journaliers depuis le début du conflit.
Cinq mille morts en neuf mois de conflit
Encore une fois, ce sont les civils qui paient le plus lourd tribut de ces violences avec au moins 19 personnes tuées dans la journée de vendredi. "L’artillerie ukrainienne tombe aussi sur des zones civiles [à Donetsk, chef-lieu des rebelles, et dans la région]", précisait samedi Gulliver Cragg, correspondant de France 24 en Ukraine.
it"Depuis une semaine, les civils de la ville de Gorlovka [à l’est] vivent un cauchemar. J'ai pu joindre une habitante qui m'a dit que sa voisine avait été tuée par un missile. Aujourd'hui [samedi], il y avait l'enterrement, mais elle n'a pas osé s'y rendre par peur d'être elle aussi tuée par un missile, même en étant au cimetière", a ajouté le journaliste.
Depuis le début de ce conflit, il y a neuf mois, on recense plus de 5 000 victimes. Et la situation semble inextricable. À Debaltseve, "la situation s'est encore aggravée cette nuit [de vendredi à samedi], ça bombarde jour et nuit", a déclaré Svetlana Dremliouk, conseillère municipale de la ville. "Des volontaires essayent d'évacuer la population mais les gens réfugiés dans des caves ne sont pas au courant", a-t-elle poursuivi.
"Déposez les armes et partez !"
Le dirigeant de la république séparatiste de Donetsk, Alexandre Zakhartchenko, a appelé les militaires ukrainiens de Debaltseve à se rendre. "J'aimerais m'adresser à tous les militaires ukrainiens : déposez les armes et partez ! Vous avez une chance de sauver vos vies", a-t-il lancé sur une chaîne de télévision russe.
Samedi, les présidents russe Vladimir Poutine, français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel ont dit espérer, lors d'un entretien téléphonique, la conclusion d'un "cessez-le-feu rapide" dans l'est de l'Ukraine. Les ministres des Affaires étrangères de l'UE tentent également de maintenir une pression sur Moscou. Ils ont décidé de prolonger de six mois les sanctions ciblées adoptées en mars contre des personnalités séparatistes pro-russes et russes. Les Vingt-huit ont aussi rajouté des noms à cette liste noire déjà longue de 132 personnes visées par un gel de leurs avoirs et une interdiction de voyager dans l'UE.
Avec AFP