L'Union africaine a appelé vendredi à la mise en place d'une force régionale de 7 500 hommes pour lutter contre la secte nigériane Boko Haram. Pour l'heure, des soldats tchadiens arrivés au Cameroun tentent de contrer les insurgés.
L'Union africaine (UA) veut faire plus. L’organisation panafricaine a appelé vendredi 30 janvier à la mise en place d'une force régionale de 7 500 hommes pour mettre fin aux abus "épouvantables" des insurgés nigérians de Boko Haram.
"Les abus épouvantables de Boko Haram, sa cruauté indicible, son mépris total des vies humaines, ses destructions de biens totalement gratuites sont sans égales", a indiqué la présidente de la Commission de l'UA, la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma.
"Par conséquent, il est recommandé que les pays de la région soient autorisés à porter la Force multinationale à 7 500" hommes, a-t-elle poursuivi dans un communiqué publié à l'issue d'une réunion jeudi soir du conseil pour la paix et la sécurité de l'organisation, avant un Sommet de l'UA qui se tiendra vendredi et samedi à Addis Abeba.
Boko Haram s'est emparé de territoires entiers du nord-est du Nigeria et multiplie les incursions au Cameroun voisin, à proximité du Tchad et du Niger. L'insurrection et sa répression par l'armée ont fait plus de 13 000 morts depuis 2009.
Une des tâches essentielles de la force mutinationale, qui doit être déployée avec un mandat initial d'un an, sera de "mener des opérations militaires pour empêcher l'expansion de Boko Haram et des activités d'autres groupes terroristes et éliminer leur présence", selon le communiqué de l'UA.
"La réponse à Boko Haram ne peut être que régionale"
Les soldats tchadiens reprennent la ville de Malam-Fatori
Une coopération militaire avait toutefois été décidée fin 2014 entre les pays membres de la Commission du bassin du lac Tchad (Cameroun, Niger, Nigeria et Tchad). Mais cette force composée de quelque 700 hommes de chaque pays, ainsi que du Bénin, peine à se matérialiser du fait de dissensions entre Lagos et ses voisins.
De son côté, arrivé au Cameroun le 17 janvier, l'important contingent tchadien entend en découdre et reprendre Baga, ville clé du nord du Nigeria sur les rives du lac Tchad, tombée début janvier et dans laquelle les islamistes ont perpétré des "crimes contre l'humanité", selon Washington et Paris.
Pour l’heure, les forces tchadiennes accentuent leur pression sur Boko Haram près du Lac Tchad, en avançant au plus près des insurgés. Les soldats s’étaient déployés mercredi dans la ville stratégique de Fotokol, poste frontière camerouno-nigérian, à quelques dizaines de mètres des positions islamistes. Jeudi, des sources militaires au Niger ont annoncé que les soldats tchadiens étaient parvenus à reprendre la ville-frontière de Malam-Fatori, en territoire nigérian.
L'information n'a toutefois pas encore été confirmée par le Nigeria. L'état-major de l'armée nigériane a déclaré sur Twitter que des avions de l'armée de l'air nigériane avaient pris part aux opérations mais il n'a pas confirmé que Malam Fatori avait été reprise et n'a pas non plus reconnu directement la présence de troupes tchadiennes.
"Malam Fatori se trouve dans la zone d'opération couverte par la force multinationale d'intervention, dont le Tchad a toujours fait partie", a dit l'état-major.
Avec AFP et Reuters