En près de trois mois, la police ivoirienne a ouvert 25 dossiers d’enlèvements d'enfants, tous suivis de meurtres. Le pays d'Afrique de l'Ouest frôle la psychose, craignant la résurgence de sacrifices humains.
Depuis quelques mois, les enlèvements d’enfants monopolisent les conversations en Côte d’Ivoire. En l’espace de près de trois mois, la police ivoirienne a ouvert 25 dossiers de rapts d'enfants, tous suivis de meurtres.
La plupart des corps de ces enfants ont été retrouvés "mutilés, avec la disparition de leurs parties génitales, ou décapités", explique le directeur général de la police nationale Brindou M'Bia. La crainte d'une résurgence de sacrifices humains est vive.
"On connaît bien la typologie des crimes rituels", a rappelé, mercredi 28 janvier, Hamed Bakayoko, le ministre de l'Intérieur ivoirien, annonçant la mobilisation de 1 500 policiers et militaires pour "patrouiller dans les zones hautement criminogènes. [...] On fait croire à ces personnes qu'à travers ces crimes, elles pourront avoir du pouvoir ou de l'argent", a-t-il poursuivi.
"C’est Dieu qui m’a dit de faire ça"
Souleimane, 10 ans, est passé près de la mort, dimanche 25 janvier. Le jeune garçon a raconté à l’AFP qu’il se trouvait au bord de la lagune abidjanaise pour chercher de l'eau quand un homme l’a agressé avec une machette sous les yeux de femmes et enfants présents. "Le monsieur est sorti avec une machette. Je suis tombé. Il a commencé à me taillader", détaille l’enfant encore choqué.
Cédric, 15 ans, a vécu le même traumatisme. "Le gars est venu. J'ai cru qu'il venait puiser l'eau. Mais il a sorti une machette. Il a essayé de me découper", témoigne-t-il. C'est un soldat d'un camp voisin, arrivé rapidement sur les lieux, qui a mis l'agresseur en déroute.
"C'est Dieu qui m'a demandé de faire cela. Dieu m'a dit de couper les têtes des enfants pour les lui porter et je serai élu le roi. Je lui ai dit que je ne voulais pas mais il a insisté", a expliqué à l'AFP Driss Coulibaly, l’agresseur des deux garçons dans les locaux de la police criminelle, où il est détenu à la suite de son arrestation.
Beaucoup d’Ivoiriens soupçonnent, sans preuve, des "brouteurs", ces délinquants spécialisés dans les escroqueries sur Internet d’être derrière les agressions d’enfants. Ils veulent faire "des sacrifices humains pour mieux arnaquer", haranguait la semaine dernière l'abbé Norbert Abékan, un prêtre abidjanais charismatique, dans un journal local. Les rumeurs les plus folles ont toujours circulé dans ce pays d'Afrique de l'Ouest sur les disparitions de personnes, notamment les albinos, à des fins de sacrifices humains.
Avec AFP