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Démissions à la tête du mouvement islamophobe Pegida

Cinq dirigeants du mouvement anti-islam Pegida ont démissionné mardi, dont la porte-parole Kathrin Oertel. Ces démissions surviennent une semaine après le départ annoncé du leader Lutz Bachmann.

Pegida, le mouvement anti-islam allemand, est de plus en plus fragile. Cinq de ses dirigeants ont démissionné mardi 27 janvier au soir, près d'une semaine après le retrait du leader Lutz Bachmann, suivi d'une mobilisation en forte baisse dimanche à Dresde, la ville de l'est de l'Allemagne d'où est parti le mouvement.

Parmi les démissionnaires figure notamment Kathrin Oertel, 37 ans, la porte-parole du mouvement, qui était venue représenter Pegida ("Patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident") il y a dix jours sur la première chaîne de télévision publique ARD.

Son départ a été confirmé au quotidien populaire "Bild" par un autre dirigeant de Pegida, Rene Jahn, lui aussi démissionnaire, aux côtés d'Achim Exner, de Bernd-Volker Lincke et de Thomas Tallacker.

"La raison, c'est le maintien de (l'ancien leader Lutz) Bachmann dans l'équipe d'organisation, et le manque de distanciation avec Legida à Leipzig" un mouvement considéré comme plus radical, a expliqué Rene Jahn.

Lutz Bachmann, ancien cambrioleur, âgé de 42 ans, avait annoncé le 21 janvier qu'il quittait le mouvement, après la parution dans la presse d'une photo le montrant grimé en Adolf Hitler et la révélation de propos xénophobes qu'il avait tenus sur les immigrés.

Kathrin Oertel, qui n'a cessé d'affirmer que Pegida n'était pas xénophobe, était devenue de fait la principale figure du mouvement, depuis le retrait de Lutz Bachmann. Elle avait également pris ses distances avec Legida, la version de Pegida à Leipzig, considérée comme "plus radicale" par les services de renseignement.

Selon la page Facebook de Pegida, Kathrin Oertel a quitté ses fonctions en raison de "menaces" dont elle aurait été l'objet et parce qu'elle s'estimait harcelée par les "photographes" de presse rôdant autour de son domicile. Un autre démissionnaire affirme avoir perdu "plusieurs contrats publics" à cause de son engagement.

Pegida, qui rejette l'étiquette de mouvement "anti-islam" et se présente comme "critique de l'islamisme", avait connu chaque lundi une affluence croissante depuis l'automne dernier, jusqu'à rassembler un record de 25 000 manifestants à Dresde le 12 janvier, dans le sillage des attaques jihadistes à Paris.

Mais lors de sa dernière manifestation dimanche, Pegida a réuni seulement 17 000 personnes, un net recul par rapport au précédent rassemblement. La prochaine manifestation, prévue lundi, a été annulée mercredi pour des raisons inconnues, selon un porte-parole de la mairie de Dresde, cité par l'agence allemande DPA. Sur Facebook, Pegida évoque des questions d'organisation et maintient en revanche son rendez-vous du lundi 9 février.

Avec AFP