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Boko Haram attaque Maiduguri et prend le contrôle de Monguno

Des miliciens de Boko Haram ont lancé dimanche une offensive contre la ville stratégique de Maiduguri, au Nigeria, marquant ainsi une sérieuse avancée. Les rebelles islamistes ont pris le même jour le contrôle de la localité de Monguno.

La secte Boko Haram a lancé, dans la nuit de samedi 24 à dimanche 25 janvier, une attaque contre la grande ville de Maiduguri, fief historique des insurgés, dans le nord-est du Nigeria. Plus tard dans la journée, les islamistes ont pris le contrôle de la localité de Monguno, située à une centaine de kilomètres au nord de Maiduguri.

C'est dans ce lourd contexte que le secrétaire d'État américain, John Kerry, a effectué une visite à Lagos dimanche, durant laquelle il a déclaré que les États-Unis étaient "prêts à faire plus" avec le Nigeria contre Boko Haram.

"Nous allons absolument continuer à soutenir l'armée (nigériane) dans ce combat. Boko Haram continue à tuer de nombreux civils innocents", a lancé John Kerry dans la capitale économique du pays. Les États-Unis sont "profondément engagés" au côté du Nigeria dans cette lutte mais "nous sommes prêts à faire plus", a-t-il ajouté.

Monguno tombée aux mains de Boko Haram

Dans le nord-est du pays, à proximité du lac Tchad, les combattants du groupe islamiste ont pris dimanche le contrôle de la ville de Monguno et de sa base militaire, selon des sources sécuritaires.

"Monguno est tombée", a affirmé à l'AFP un haut responsable militaire sous couvert d'anonymat. D'autres sources sécuritaires ont confirmé que des combattants islamistes s'étaient emparés de la ville, située à quelque 130 km au nord-est de Maiduguri, la capitale de l'État de Borno.

La chute de Monguno, que Boko Haram avait déjà essayé de prendre deux fois par le passé, pourrait avoir de lourdes conséquences. En effet, les islamistes se sont ainsi emparés de la dernière base militaire avant Maiduguri.

Maiduguri en proie aux combats

À Maiduguri, les combats, qui ont débuté dimanche matin peu après minuit, ont fait au moins huit morts et 27 blessés, en majorité des civils, selon des sources médicales. Ils se poursuivaient encore à 18 heures dimanche, entre militaires et miliciens autour de l'aéroport de la ville, selon des sources sécuritaires.

D'autres sources militaires et civiles font état de nombreux morts dans les deux camps dans les combats de la journée. "Nous ratissons le secteur à la recherche des corps. Nous avons repoussé les hommes de Boko Haram jusqu'à Auno, à 12 km de la ville, d'autres ont pris la fuite en direction de Mainok", a précisé un responsable local qui a requis l'anonymat.

>> À lire sur France 24 : "Boko Haram rase 16 localités dans le nord-est du Nigeria"

Un habitant de Maiduguri, que France 24 a pu joindre par téléphone, a indiqué que les explosions avaient débuté à 5 h 30 du matin et qu'en sortant de l'église, dont l'office avait été écourté vers 10 h, elles se poursuivaient. À 11 h, on pouvait encore entendre les tirs constants d'obus dans le quartier du faubourg de Njimtilo.

La population cloîtrée chez elle

Toujours selon cet habitant de Maiduguri, des milices d'autodéfense, appelées Civilian joint task forces (Forces civiles unies), assurent la sécurité à l'intérieur de la ville. Ces dernières ont érigé des barrages dans les rues et contrôlent la circulation.

Contacté par France 24, Mohammed Bolori, maire de Maiduguri de 1999 à 2003, explique, lui, avoir entendu des explosions dès 2 h du matin. Il explique que les milices civiles avaient intimé à la population de rester chez elle, au moins pour 24 heures. Il était impossible d'entrer ou de sortir de la ville à partir de 7 h. En fin de matinée, des patrouilles circulaient dans la ville alors que des coups de feu et explosions se faisaient encore entendre.

La chute de Maiduguri constituerait une prise très importante pour Boko Haram, qui cherche à créer un État islamique dans le nord du Nigeria. Le 3 janvier, en massacrant des centaines de personnes, Boko Haram avait pris la ville de Baga, à l'extrême nord de l'État, lui donnant ainsi, selon les experts, un avantage stratégique pour attaquer la capitale.

Avec Reuters et AFP