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La thèse de la mort par suicide du procureur Alberto Nisman laisse nombre d'Argentins incrédules. Le magistrat avait accusé la présidente Cristina Kirchner d'avoir entravé l'enquête sur l'attentat sanglant contre une organisation juive en 1994.

La mort du procureur Alberto Nisman, dans la nuit du dimanche 18 au lundi 19 janvier, continue de faire des vagues en Argentine. Alors que l'autopsie a conclu à un suicide, son ancienne épouse, également magistrate, a affirmé mardi ne pas croire qu’il ait mis fin à ses jours.

Pour Sandra Arroyo Salgado, la thèse du suicide ne peut pas tenir puisque, le 19 janvier, le procureur devait être entendu par le Congrès à propos de l'enquête portant sur l'attentat, jamais élucidé, contre l’Association mutuelle israélite argentine (Amia), qui avait fait 85 morts en juillet 1994 à Buenos Aires.

Dans un message envoyé via l’application WhatsApp révélé mardi, Alberto Nisman avait écrit : "Plus tôt que tard, la vérité triomphera... J'ai confiance en moi [...] Ah ! Je précise au cas où, que je ne suis pas devenu fou. Malgré tout, je me sens mieux que jamais".

La présidente Cristina Kirchner accusée d'entrave

Le 14 janvier, Alberto Nisman, en charge du dossier, avait accusé la présidente Cristina Kirchner et son ministre des Affaires étrangères, Hector Timerman, d'avoir empêché l'enquête de progresser pour ménager l'Iran, soupçonné d’avoir joué un rôle dans la tuerie. Mardi, au lendemain de l’annonce de sa mort, la Cour suprême a décidé de rendre publique l'accusation du procureur et ordonné la publication du dossier de 300 pages sur un portail d'information du ministère de la Justice.

>> À voir sur France 24 : "Le web argentin réagit à la mort du procureur Nisman"

Âgé de 51 ans, Alberto Nisman a été retrouvé mort dans son appartement de la capitale, une balle dans la tête et un revolver à côté de son cadavre. L'autopsie du corps a exclu toute participation d'un tiers, mais aucun résidu de poudre n'a été retrouvé sur les doigts de sa main droite, avec laquelle il est censé s'être tiré une balle dans la tête, selon la magistrate saisie de l'enquête, Viviana Fein.

Tout tir d'arme à feu provoque habituellement un dépôt de minuscules particules de poudre sur la main qui tient l'arme. Mais pour la juge, "cela ne veut pas dire qu'il n'a pas tiré", avançant qu'un revolver de calibre 22 mm comme celui qui a été découvert près du cadavre, ne projette pas forcément de poudre.

"Yo soy Nisman"

Nombre d'Argentins demeurent incrédules face à la thèse du suicide d'Alberto Nisman. Lundi soir, des milliers de personnes ont manifesté dans plusieurs villes du pays pour exprimer leur tristesse et saluer la mémoire du procureur. Certains d’entre eux brandissaient des pancartes "Yo soy Nisman" ("Je suis Nisman"), en référence à "Je suis Charlie".

Des organisations juives ont appelé à un rassemblement nommé "Vérité et justice", mercredi après-midi, sur les lieux de l'attentat qui avait fait 85 morts et 300 blessés en 1994.