
L'employée de l'ONU en Centrafrique enlevée mardi matin à Bangui par des miliciens chrétiens anti-balaka a été libérée en fin de journée par ses ravisseurs, a confirmé une source occidentale. La veille, une Française a également été enlevée.
L'employée des Nations unies enlevée dans la matinée du 20 janvier à Bangui par des miliciens chrétiens anti-balaka a été libérée quelques heures plus tard, a annoncé la mission de maintien de la paix en République centrafricaine, la Minusca (Mission des Nations unies en Centrafique).
"Nous avons obtenu la libération de l'employée de la Minusca. Nous venons de la remettre à la Minusca en présence de soldats (français) de Sangaris", a affirmé Igor Lamaka, le porte-parole du mouvement anti-balaka. Ses propos ont été confirmés par une source occidentale.
La veille, une Française de 67 ans, en mission humanitaire à Bangui et un employé de l'ONG Codis (Coordination diocésaine de la santé) avaient également été enlevés dans une zone contrôlée par les miliciens anti-balaka. C'est le premier enlèvement d'une Française depuis le début, en 2013, de la crise politique et sécuritaire sans précédent que traverse le pays.
Négociations en cours
La remise de l'otage s'est faite à l'entrée du quartier de Boy-Rabe (nord-est de Bangui), fief des anti-balaka où se sont réfugiés les ravisseurs de la Française et de son collègue de l'ONG Codis. "Nous allons repartir là-bas [au quartier Boy-Rabe] pour tenter de faire libérer la Française et son collègue", a assuré Igor Lamaka.
Des négociations entre les ravisseurs et l'archevêché se poursuivaient mardi pour tenter de les faire libérer. "C'est une situation extraordinairement choquante. [...] Je peux vous assurer que les démarches sont entreprises [...] pour retrouver notre compatriote [...] et j'espère que bientôt nous pourrons l'accueillir de nouveau à Paris", a déclaré le ministre des Affaires étrangères français Laurent Fabius.
Selon une source proche du dossier, l'enlèvement des deux humanitaires a été mené par des miliciens anti-balaka après l'arrestation, samedi à Bouca (nord-ouest), d'un de leurs chefs, Rodrigue Ngaïbona, alias "général Andjilo".
Soupçonné d'être un des meneurs des massacres
Les anti-balaka sont des milices principalement chrétiennes qui se sont formées pour lutter contre les rebelles, essentiellement musulmans, de la coalition Séléka qui avait pris le pouvoir en Centrafrique en mars 2013 avant d'en être chassée en janvier 2014. Les deux camps sont accusés d'avoir commis de graves exactions.
Le "général Andjilo", qui a été un des principaux chefs anti-balaka à Bangui, avait fui la capitale. Il est notamment soupçonné d'avoir été un des meneurs des miliciens qui ont lancé les massacres de musulmans le 5 décembre 2013 à Bangui.
Depuis son arrestation, la situation a considérablement dégénéré dans le pays. Plusieurs enlèvements et tentatives de rapts ainsi que de braquages ont eu lieu. Une personne a été tuée dans des manifestations pro-Andjilo. "Ça fait mal de voir qu'on peut se faire enlever à quelques centaines de mètres de l'aéroport. [...] Il y a un problème de coordination entre les différentes forces [celles de la Minusca, les soldats français de Sangaris et la force européenne Eufor-RCA]", a affirmé une source sécuritaire.
Avec AFP