
Les ministres européens des Affaires étrangères sont réunis, lundi à Bruxelles, pour améliorer leur coopération dans la lutte contre le terrorisme. La création d'un registre commun des passagers aériens doit être débattue.
Après les attentats meurtriers du 11 janvier et la vaste opération anti-jihadiste menée en Belgique la semaine dernière, les Européens resserrent les rangs. Lundi 19 janvier, les ministres européens des Affaires étrangères se sont réunis à Bruxelles, pour renforcer leur coopération dans la lutte contre le terrorisme, notamment au niveau des services de renseignement.
"Il y a dans tous les pays européens une véritable mobilisation et une réalisation de l’existence de la menace, partout", a souligné Pierre Benazé, correspondant de RFI à France 24.
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Au menu des discussions figure en priorité la coopération en matière de renseignement entre les pays, et ce, même si les principaux États de l’UE ont préféré, jusqu’à récemment, abandonner l’idée d’un service de renseignement commun à tous les membres. Il s'agirait d'une sorte de "CIA européenne", telle qu’elle avait été proposée à la suite des attentats du 11 septembre 2001.
Fabius plaide pour un registre des données des passagers aériens
Parmi les domaines concernés par cette collaboration figurent aussi la lutte contre le trafic d'armes ou la création d'un registre commun des passagers aériens (PNR). Cette dernière réforme est bloquée pour le moment au niveau du Parlement européen.
"Nous espérons, compte tenu de ce qu'il s'est passé en France, en Belgique et ailleurs, que le Parlement européen comprendra qu'il faut débloquer le PNR", a estimé le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius. Son homologue belge, Didier Reynders, a lui aussi plaidé pour "plus d'échanges d'informations [...] pour suivre à la trace l'ensemble des combattants étrangers".
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Interrogé sur Europe 1, le coordinateur de la politique antiterroriste de l'Union européenne, Gilles de Kerchove, insiste sur le fait qu’il s’agit du "seul mécanisme pour détecter les mouvements suspects de personnes qu'on n'a pas pu identifier par le renseignement sur le terrain". La Belgique appelle par ailleurs à la création d’un registre des jihadistes européens, précise Pierre Benazé.
Comme pour illustrer la nécessité de la réunion de jeudi, deux individus suspects ont été arrêtés en Grèce samedi 17 janvier. L'un des deux "pourrait avoir un lien" avec la cellule jihadiste démantelée la semaine dernière en Belgique, a annoncé le parquet fédéral, qui s'apprête à demander son extradition.
Pour une meilleure communication avec le monde musulman
Outre la coopération inter-européenne, ce sommet entend ne pas laisser le monde arabo-musulman de côté. "La menace n'est pas seulement à Paris mais aussi dans le reste du monde, y compris dans les pays musulmans", a rappelé la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini. "Il faut échanger plus d'informations et mieux coopérer", notamment avec les pays musulmans, a-t-elle poursuivi. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, a d'ailleurs été convié la réunion des 28.
Dans la même veine, Gilles de Kerchove a rappelé le "rôle important" qui incombe aux ministres des Affaires étrangères. "On peut être plus performant dans notre communication avec le monde musulman, et aider ces pays à contrecarrer le détournement de l'islam à des fins criminelles", a-t-il déclaré, lundi matin.
Plusieurs chefs de la diplomatie de l'UE participeront également, jeudi 22 janvier à Londres, à une rencontre organisée conjointement par le Royaume-Uni et les États-Unis entre pays membres de la coalition contre l’organisation de l'État islamique (EI) qui sévit en Irak et en Syrie.
Les ministres se retrouveront en outre le 28 janvier à Riga. Les chefs d'État et de gouvernement européens participeront eux le 12 février à un sommet consacré à la lutte contre le terrorisme et les "combattants étrangers" européens de retour de Syrie ou d'Irak.
Avec AFP