logo

Après les attentats à Paris, le maire de Villiers-sur-Marne, en région parisienne, a reporté la diffusion de "Timbuktu" dans sa ville. Il souhaite que le film soit suivi d’un débat pour de ne pas faire l’objet de mauvaises interprétations.

Acclamé par la presse, salué par Hollywood, où il concourra le 22 février pour l’Oscar du meilleur film étranger, "Timbuktu" du Mauritanien Abderrahmane Sissako ne sera pas projeté comme prévu à Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne). Le maire UMP de cette commune de la région parisienne, Jacques-Alain Bénisti, a décidé de reporter la diffusion du film qui figurait cette semaine au programme du cinéma municipal.

Après les attaques sanglantes qui ont frappé Paris, l’édile craint que le long métrage, qu’il concède ne pas avoir vu, ne fasse l’objet d’une mauvaise interprétation de la part du jeune public. "Compte tenu des événements de la semaine dernière à Paris, je préfère que le film soit accompagné d’un travail de pédagogie ", explique-t-il à France 24. Je sais que le film montre une réalité. Une réalité qui correspond à ce qu’attendent les jeunes des quartiers sensibles qui partent en découdre dans ces pays. Or, j’aimerais qu’il puisse les en dissuader."

>> À lire sur France 24 : "Timbuktu : chronique de l’absurde en territoire jihadiste"

Véritable chant de résistance contre le fanatisme religieux, "Timbuktu" décrit le quotidien de Maliens vivant sous la férule jihadiste. Sorti le 10 décembre dans les salles françaises, après plusieurs passages dans les festivals, dont Cannes en mai dernier, le drame du cinéaste mauritanien tient sa force à ce qu’il filme les fondamentalistes à hauteur d’homme.

"Je souhaitais montrer comment l’islam a été pris en otage par des gens qui parlent en son nom et qui commettent des actes contraires à la religion, expliquait en décembre Abderrahmane Sissako sur le plateau de France 24. Je crois qu’il est important de considérer ces gens-là qui, la plupart du temps, sont des jeunes perdus, des victimes quelque part de la société, et qui rejoignent sans réelle conviction non pas l’islam mais une forme de protestation. Ce sont des gens qui nous ont ressemblé."

>> À voir : l’interview d’Abderrahmane Sissako dans "À l’Affiche !"

Jacques-Alain Bénisti assure que le film sera programmé dans 15 jours et sera suivi d’un débat avec des spécialistes du renseignement ainsi que l’imam de Créteil. "Je serais également heureux qu’Abderrahmane Sissako intervienne", affirme-t-il.

Dans les rangs de l’opposition, la déprogrammation temporaire de "Timbuktu" n’est pas vu d’un très bon œil. "Nous étions en accord avec le maire sur le fait de ne rien céder, d'organiser comme prévu les vœux du maire. Et ne rien céder, c'est aussi poursuivre la diffusion de ce genre de film", déplore l'élu socialiste Frédéric Massot dans "Le Parisien".

"Avant de lancer un débat, il faut qu’il soit préparé, se défend le maire. Il faut se laisser un peu de temps et ne pas agir dans la précipitation."