Des heurts ont éclaté entre la police et des manifestants anti-"Charlie Hebdo" devant le Consulat de France de Karachi, au Pakistan. Plusieurs centaines de personnes dénoncent la dernière une du journal satirique, représentant le prophète Mahomet.
Au moins trois personnes ont été blessées, vendredi 16 janvier, après que des heurts ont éclaté entre forces de l’ordre et manifestants anti-"Charlie Hebdo", devant le consulat de France à Karachi, la métropole économique du Pakistan.
D'après Reuters, certains manifestants sont venus avec des armes à feu et ont tiré en direction des forces de l'ordre. Les policiers ont alors procédé à des tirs de sommation et fait usage de canons à eaux et de gaz lacrymogènes pour disperser les protestataires.
Un photographe pakistanais de l'Agence France-Presse (AFP), Asif Hassan, 38 ans, travaillant pour l'AFP depuis une dizaine d'années, a été grièvement blessé par balle, puis transporté d'urgence à l'hôpital Jinnah, où il a subi avec succès une intervention chirurgicale. Un policier et un caméraman d'un chaîne locale, ont été légèrement blessées, selon les autorités hospitalières.
Les partis islamistes ava ient appelé à manifester
Les heurts ont commencé en milieu d'après-midi, après la traditionnelle prière du vendredi. D’après le quotidien en ligne pakistanais, Dawn, plusieurs centaines de personnes, dont une majorité d'étudiants appartenant au mouvement Islami Jamiat-e-Talaba (IJT), ont convergé vers la place Teen Talwar. Face à l’ampleur du mouvement, la police a fermé les rues menant au consulat et empêché d'autres de rallier le mouvement.
La veille, les principaux partis islamistes du pays avaient appelé à des manifestations nationales pour dénoncer la publication d'une nouvelle caricature du prophète Mahomet en une du journal satirique français. "Charlie Hebdo" y a représenté le prophète Mahomet, la larme à l’œil, portant une pancarte, "Je suis Charlie".
Des manifestations se sont également tenues vendredi à Islamabad, Lahore (est), Peshawar (nord-ouest), et Multan (centre) où un drapeau tricolore français a été brûlé, selon un journaliste de l'AFP sur place.
Hommage aux frères Kouachi à Peshawar
Le Pakistan, deuxième pays musulman le plus peuplé au monde avec près de 200 millions d'habitants, avait officiellement condamné l'attaque meurtrière la semaine dernière contre "Charlie Hebdo", qui a fait 12 morts.
Mais au cours des derniers jours, le ton s'est durci, notamment avec une manifestation à Peshawar en hommage aux frères Chérif et Saïd Kouachi, auteurs de l'attentat. "Le gouvernement français devra s'excuser auprès des pays musulmans. Tous les pays musulmans doivent être unis", a déclaré dans un rassemblement le chef de la Jamaat-e-Islami, Siraj ul-Haq, appelant à d'autres manifestations et saluant les déclarations du pape François pour qui la liberté d'expression n'autorise pas d'"insulter" la foi d'autrui.
Jeudi, le Premier ministre Nawaz Sharif et le Parlement pakistanais ont condamné la publication des caricatures considérées comme "blasphématoires".
Avec AFP et Reuters