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L’Algérien Djamel Beghal, figure de l’islamisme radical, actuellement incarcéré à Rennes, est le seul lien connu de la police entre Amedy Coulibaly et Chérif Kouachi. Le détenu est placé à l’isolement depuis les attentats.

Dans l’enquête sur les trois tueries qui ont fait 17 morts en France, un personnage ne cesse d’attirer l’attention : Djamel Beghal. Cet Algérien de 49 ans, actuellement incarcéré à Rennes, est à ce jour le seul lien connu entre Amedy Coulibaly, tireur présumé de la fusillade de Montrouge et tueur de la Porte de Vincennes, et Chérif Kouachi, co-auteur de l'attaque contre "Charlie Hebdo". Mardi 13 janvier, les différentes cellules qu'il a occupées ont été perquisitionnées.

"Beghal, c'est le nœud du dossier", estime une source proche de l’enquête. En 2005, alors incarcéré à Fleury-Mérogis (Essonne) suite à une peine de dix ans pour son implication dans un groupe ayant projeté un attentat contre l'ambassade des États-Unis à Paris, il croise la route d'Amedy Coulibaly et de Chérif Kouachi. Ces derniers sont alors respectivement condamnés pour délit de droit commun et appartenance à une filière de recrutement de jihadistes. D’après des déclarations faites par Amedy Coulibaly à des magistrats instructeurs, c’est à ce moment-là qu’ils se seraient liés d’amitié.

"Un homme de science en religion"

Cinq ans plus tard, les trois hommes se revoient à Murat, dans le Cantal, où Beghal est assigné à résidence dans un hôtel après sa libération. Amedy Coulibaly et Chérif Kouachi lui rendent visite à plusieurs reprises.

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Décrit par les enquêteurs comme un "homme de science en religion", Djamel Beghal avait été repéré par les services de renseignement français dès 1998 pour ses liens avec la mouvance radicale anglaise notamment. Il aurait également passé plus d'un an dans un camp d'entraînement en Afghanistan au début des années 2000.

Beghal, juste "un délinquant de droit commun"

Malgré ces connexions, Beghal se défend farouchement d'être l'inspirateur, voire l'instigateur des attentats de Paris, insiste son avocat, Me Bérenger Tourné. "Les échanges qu'ils ont pu avoir […] me paraissent bien trop lointains pour avoir un rapport, ne serait-ce qu'indirect avec [...] l'attentat de "Charlie Hebdo"", a-t-il déclaré. "Celui qu'on présente comme le représentant de Ben Laden en France n'est finalement qu'un délinquant de droit commun", a-t-il poursuivi.

En avril 2010, lors d'une conversation avec Smaïn Aït Ali Belkacem, ex-membre du GIA algérien condamné à la prison à perpétuité pour sa participation à la vague d'attentats de 1995 à Paris, Beghal affirmait avoir "deux choses en tête". La première, une tentative d'évasion. La seconde, c'est "une chose que je prépare pierre par pierre depuis des années, pour pouvoir donner un bon coup après". "Parce qu'un coup avec une pioche vaut mieux que dix coups avec une binette", avait-il ajouté.

Avec Reuters