Plus de 100 jours après l’élection présidentielle, l'Afghanistan s'est doté lundi 12 janvier d'un gouvernement d'union nationale, alors qu'une impasse politique menaçait de miner la relance économique et de nourrir l'insurrection islamiste.
Il a fallu près de trois mois à l'Afghanistan pour se doter d’un gouvernement. Un porte-parole du président Ashraf Ghani a donné lundi 12 janvier les noms des 25 ministres, dont trois femmes, qui vont former le nouveau cabinet, après plusieurs semaines de négociations avec son principal rival à la présidentielle, le chef de l'exécutif Abdullah Abdullah.
Le résultat de ce premier gouvernement d'union nationale est un subtil mélange de noms issus des deux camps et des principales ethnies du pays, comme les Tadjiks et le Pachtounes. Abdullah a rallié les premiers et Ghani les seconds.
De nouveaux visages
Parmi les nouveaux ministres figure Salahuddin Rabbani, un Tadjik proche d'Abdullah et fils d'un ancien président et chef du Haut conseil pour la paix, organe chargé par Kaboul d'organiser des pourparlers avec les talibans, qui hérite du poste de chef de la diplomatie afghane.
Sher Mohammad Karimi, un Pachtoune proche de Ashraf Ghani, hérite du porte-feuille clé de la Défense, alors que les troupes de combat de l'Otan viennent de se retirer du pays. Par ailleurs, la nouvelle ministre des Affaires des femmes, Najeeba Ayoubi, est une journaliste tadjike et activiste des droits de l'Homme.
Les ministres doivent encore être approuvés par la chambre basse du parlement afghan. Outre les 25 ministres, le chef des services secret (NDS) et le gouverneur de la banque centrale, ont également été désignés.
"Les bons choix"
Ancien cadre de la Banque mondiale, Ashraf Ghani avait été investi le 29 septembre après plusieurs semaines de blocage politique autour du deuxième tour de l'élection présidentielle du 14 juin, entachée de fraudes.
Le bras de fer entre Ahsraf Ghani et son rival Abdullah Abdullah avait provoqué de dangereuses tensions entre les partisans des deux camps, menaçant de raviver les antagonismes de la guerre civile afghane entre différentes factions et ethnies (1992-1994).
Les Pachtounes soutenaient Ghani, tandis que les Tadjiks et les Hazaras s'étaient rangés derrière Abdullah. Après de longues négociations sous la houlette de l'ONU et de la diplomatie américaine, Ghani avait finalement été désigné vainqueur, et s'était engagé à former un gouvernement d'union nationale avec son rival.
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"Le nouveau cabinet montre que le président afghan et le chef de l'exécutif ont travaillé dur pour faire les bons choix. Mais on peut difficilement dire que toutes les attentes concernant un très bon cabinet, spécialisé, ont été remplies", a analysé Haroon Mir, un expert politique afghan.
Dans un communiqué, l'ambassade des États-Unis a salué l'annonce du nouveau gouvernement lundi après-midi. "Les États-Unis se réjouissent de continuer à coopérer étroitement avec le gouvernement de l'Afghanistan, dans notre recherche commune de la sécurité, de la paix, de la prospérité pour les Afghans."
Mais face à la sécurité encore fragile et les attaques toujours vives des Taliban, quelque 17.000 soldats étrangers, dont 12.500 de l'Otan, seront présents en 2015 sur le sol afghan.
Avec AFP