Au lendemain de l'annonce d'élections anticipées en Grèce pour le 25 janvier, le parti de gauche Syriza semble avoir de bonnes chances d'arriver au pouvoir. Le parti profite de la grogne contre l'austérité et promet une politique différente.
Après le refus des députés lundi 29 décembre d’élire Stavros Dimas, soutenu par le Premier ministre Antonis Samaras, à la présidence de la République, les Grecs doivent se rendre aux urnes le 25 janvier prochain pour des élections législatives anticipées.
À trois semaines de ce vote, le parti de la gauche radicale Syriza est en tête dans les intentions de vote avec, selon un sondage Alco publié samedi, 28,3% contre 25% pour Nouvelle démocratie, le mouvement de centre-droit d'Antonis Samaras.
Déjà vainqueur des dernières élections européennes dans le pays, après lesquelles il avait déjà promis des élections législatives anticipées, le parti d’Alexis Tsipras a réussi à capter au fil des derniers mois le vote contestataire. "Cela faisait déjà plusieurs années qu’on voyait qu’à chaque consultation, le nouveau Syriza montait et prenait un peu plus d’importance. La question est désormais jusqu’où ira cette importance ?", souligne ainsi Joëlle Dalègre, professeur de civilisation grecque à l’antenne de France 24.
Après une crise économique sans précédent et cinq années de mesures d'austérité, la formation d’Alexis Tsipras incarne une forme de rupture dans laquelle un nombre croissant de citoyens grecs se retrouvent. "Peut-être qu’ils ont pris plus de poids en Grèce car les mesures d’austérité ont été beaucoup plus radicales ou sauvages, ou faites d’un seul coup", explique l’historienne. "Mais il n’y a pas qu’en Grèce. Il n’y a qu’à voir les difficultés des gouvernements italiens et espagnols. Il est difficile de faire avaler au peuple des mesures d’austérité".
Plus aussi radical qu’auparavant
Cette victoire possible de Syriza, qui entend mettre fin aux politiques d'austérité et négocier une nouvelle restructuration de la dette, suscite l’inquiétude. A la sortie du vote du parlement grec lundi, Alexis Tsipras, n’a rien fait pour calmer ces craintes en déclarant : "C’est un jour historique. Avec la volonté du peuple, dans quelques jours, les plans d’austérité appartiendront au passé. L’avenir peut commencer".
Pour Joëlle Dalègre, ce parti n’est toutefois plus aussi radical qu’auparavant : "Il l’est toujours dans la mesure où il s’oppose aux nouvelles mesures d’austérité, à la poursuite du paiement complet de la dette et de ses intérêts telle qu’elle est actuellement. Par rapport aux autres partis, c’est un très net radicalisme. Maintenant, il semble un peu moins absolu qu’il l’était y a deux ou trois ans, il ne parle plus directement de quitter l’Europe, de quitter l’euro, de claquer toutes les portes. Il parle de négocier pour éviter un certain nombre de choses ou les alléger parce qu’ils trouvent qu’elles sont insupportables".
Même si Alexis Tsipras ne cesse d’affirmer que son parti est en faveur de l’Union européenne, son principal rival Antonis Samaras continue de brandir la rhétorique du chaos. Il a ainsi déclaré mardi 30 décembre que l’enjeu des législatives anticipées du 25 janvier est "le maintien du pays dans l'Europe".
Le scrutin s’annonce en tout cas très incertain entre ces deux partis au coude à coude dans les sondages. En cas de victoire, la Nouvelle-Démocratie du Premier ministre conservateur Antonis Samaras et Syriza d'Alexis Tsipras auront de toute façon du mal à trouver des alliances pour former un gouvernement de coalition.