Quatre journées du championnat de France de basket sont programmées pendant les fêtes de fin d’année. Un coup médiatique pour le basket français qui peine à exister face au football et au rugby.
Alors que l’équipe de France de basket est championne d’Europe en titre, que Tony Parker, quatre fois champion NBA, fait partie des stars du basket américain et que la Fédération française de basket compte plus de 500 000 licenciés, faisant du basket le deuxième sport collectif en France, le championnat de France, lui, peine à se faire connaître auprès du grand public. Face au football et au rugby, et avec la concurrence grandissante du handball, il est en effet difficile pour la Ligue nationale de basket (LNB) d’exister médiatiquement.
Dans un tel contexte, le basket français tente donc de profiter de la période des fêtes de fin d’année pour faire parler de lui. En plus de son traditionnel All-Star Game, une rencontre de gala opposant deux sélections des meilleurs joueurs du championnat, la LNB organise ainsi depuis trois ans des "Journées de Noël" : pendant que la Ligue 1 de football fait relâche et que les autres championnats sportifs avancent au ralenti durant les fêtes, pas moins de quatre journées de championnat sont disputées entre les 19 et 29 décembre.
"Il fallait qu’on se rapproche de notre clientèle, à savoir les familles, et qu’on leur donne l’occasion de voir un beau spectacle pendant qu’elles sont réunies lors des vacances de Noël, explique Alain Béral, le président de la LNB, à France 24. C’est une période où les Français ne partent pas, ou partent moins, et durant laquelle les autres sports ne sont pas très actifs. En plus le basket se joue à l’intérieur, donc quel que soit le temps dehors, le public est au chaud. Nous rendons aussi service aux collectivités locales qui avaient besoin que leurs salles fonctionnent durant cette période."
Initiée en 2011, la formule a rapidement rencontré le succès. De deux journées de championnat jouées la première année, la LNB programme désormais quatre journées. Et le public répond présent puisque le nombre de spectateurs est en hausse par rapport aux rencontres disputées le reste de l’année.
La NBA comme modèle pour la LNB
"Les clubs de la Ligue ont un taux de remplissage de leurs salles de l’ordre de 85 % en temps normal, mais celui-ci monte à 100 % pour les Journées de Noël, affirme le président de la LNB. Or, comme notre premier rôle c’est de remplir les salles, on peut dire que c’est une réussite. Ces rencontres correspondent en plus à la fin de la phase aller du championnat, donc il y a un gros intérêt sportif. Et puis la période des fêtes nous permet également de mener une action sociétale en partenariat avec le Secours Populaire qui collecte des jouets pour les enfants défavorisés grâce aux dons du public."
Si le basket français fait partie des précurseurs en France, la recette n’est pas nouvelle. La Premier League de football au Royaume-Uni, notamment, organise depuis longtemps des matches importants lors du "Boxing Day", le lendemain de Noël, tandis que le fameux championnat de basket nord-américain, la NBA, programme traditionnellement de belles affiches le 25 décembre.
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"La NBA, c’est forcément un modèle à suivre pour nous, admet Alain Béral. Comme elle, nous voulons raconter une saga tout au long de la saison et ces matches de Noël nous permettent de le faire, que ce soit avec le public qui se déplace dans les salles ou grâce à la télévision."
Le groupe Canal, détenteur des droits du championnat de France de basket, s’apprête en effet à diffuser quatre rencontres de la 15e journée disputée les 26 et 27 décembre, dont trois à la suite, samedi 27 décembre, à 16h30, 18h30 et 20h30, sur Canal+ Sport. Une première pour la chaîne.
"Un vrai gros rendez-vous auquel la chaîne croit"
"On a constaté que le concept du 'Boxing Day' anglais sur nos antennes fonctionnait bien, note David Cozette, rédacteur en chef basket du groupe Canal, contacté par France 24. Les gens sont davantage disponibles en famille devant leur télévision durant cette période de fêtes, donc nous avons voulu tenter l’expérience. C’est l’occasion de profiter de l’absence du football pour mettre en valeur le produit basket tout en donnant une cohérence à l’antenne. La télévision, c’est beaucoup une question d’habitudes, il faut donner des repères aux gens, des rendez-vous bien définis."
Canal+ a engagé pour l’événement de gros moyens de production, notamment, et a préparé "de nombreuses surprises" pour ses téléspectateurs. "Le but est d’aller au-delà des habitués, explique David Cozette. On aura plein de trucs plutôt sympas avec des micros HF portés par des joueurs ou des compilations des meilleures actions de la saison. Pour nous, c’est un vrai gros rendez-vous auquel la chaîne croit. On imagine que ça va bien marcher, on n’en ferait pas autant autrement."
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"C’était inimaginable en 2011, lorsque nous avons lancé les Journées de Noël, de voir trois matches à la suite sur une chaîne française, reconnaît le président de la LNB Alain Béral. Ça démontre que la fenêtre est bonne et que le basket devient un sport intéressant en termes d’image. Et puis se montrer, c’est aussi pouvoir proposer à des partenaires de se montrer avec nous. Il est très important d’être visible pour être susceptible d’intéresser des sponsors afin d’augmenter l’économie de notre sport."
Le prochain objectif pour le basket français sera de continuer à exister tout au long de l’année. Avec le retour dans le championnat, ces deux dernières années, de plusieurs joueurs de l’équipe de France comme Florent Pietrus, Mickaël Gelabale, Ali Traoré ou Rodrigue Beaubois, et l’organisation du prochain championnat d’Europe en France en septembre 2015, les dirigeants de la Ligue nationale de Basket se veulent optimistes.