
Près de 20 000 Géorgiens se sont rassemblés dans les rues de Tbilissi pour réclamer la démission de Mikheïl Saakachvili. Les manifestants, mobilisés depuis un mois, lui reprochent d'avoir mal géré la crise avec la Russie en août 2008.
AFP - Quelque 20.000 Géorgiens se sont rassemblés samedi dans leur capitale, Tbilissi, pour réclamer la démission du président Mikheïl Saakachvili pour le 30e jour consécutif, au lendemain de l'échec de pourparlers avec les autorités.
Les manifestants réunis devant le Parlement criaient "Misha part", à l'adresse du chef de l'Etat, alors que l'opposition n'a pas pu rencontrer le président comme elle l'avait réclamé lors de pourparlers vendredi avec des représentants du pouvoir.
"Après 30 jours, c'est la nation entière qui est debout ici pour que ce président auto-proclamé reconnaisse qu'il y a une crise dans ce pays, et qu'il s'agit d'une crise très sérieuse", a déclaré à la foule l'une des chefs de l'opposition, Salomé Zourabichvili.
L'opposition accuse M. Saakachvili d'avoir mal géré le conflit du mois d'août dernier avec la Russie et de dérive autoritaire, et réclame sa démission. Tbilissi avait déclenché une offensive pour tenter de reprendre le contrôle du territoire séparatiste d'Ossétie du Sud, provoquant l'envoi massif de troupes russes en Géorgie. La Russie a ensuite reconnu l'indépendance unilatéralement proclamée de la petite république et celle d'Abkhazie.
"Si nous ne recevons pas une réponse aujourd'hui et qu'une rencontre (avec Saakachvili) n'a pas lieu dans un jour ou deux, cela veut dire tout simplement que le président ne veut pas d'un dialogue", a déclaré à la presse, Nino Bourjanadze, une des leaders des opposants.
D'autres membres de l'opposition étaient cependant moins catégoriques.
La rencontre avec le chef de l'Etat "doit intervenir dans les meilleurs délais, mais je ne pense pas qu'il soit utile de créer des barrières artificielles en lançant des ultimatums", a estimé l'ex-ambassadeur de Géorgie à l'ONU, Irakli Alassania, considéré comme un modéré au sein de l'opposition.
L'Union européenne, de son côté, s'est réjouie qu'un dialogue ait été amorcé vendredi entre les opposants et le pouvoir, même si rien de concret n'en est sorti.
"C'est un développement très, très positif le fait que cette rencontre ait eu lieu hier, et c'est très important que cela se poursuive", a déclaré le représentant spécial de l'UE pour le Sud Caucase, Peter Semneby.
Les négociations vendredi et la manifestation samedi interviennent alors que la Géorgie vient de connaître une semaine mouvementée: le pays a connu ce qui a été présenté comme une brève mutinerie militaire mardi alors que des manoeuvres de l'Otan, dénoncés par la Russie, étaient sur le point de commencer.
Des heurts violents avaient éclaté mercredi soir, pour la première fois depuis le début de la contestation, entre des policiers et des manifestants.