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Après un entretien avec John Holmes, responsable de l'ONU en visite au Soudan, les autorités soudanaises ont accepté la venue de nouvelles ONG sur son territoire et l'extension du champ d'activité des organisations déjà sur place.

AFP - Le Soudan va accueillir de nouvelles ONG au Darfour et étendre le mandat de celles sur le terrain pour combler le vide laissé par l'expulsion de 13 organisations internationales, ont assuré jeudi des responsables soudanais à l'issue d'entretiens avec l'ONU et les Etats-Unis.

Le Soudan "invite de nouvelles ONG internationales" au Darfour (ouest), a déclaré son ministre des Affaires humanitaires Haroun Lual, à l'issue d'une rencontre avec le chef des opérations humanitaires de l'ONU, John Holmes, et l'émissaire américain Scott Gration.

Khartoum "autorise l'ONU et les ONG à étendre leurs opérations actuelles", a souligné le ministre soudanais, soulignant que la santé, l'hygiène publique et l'accès à l'eau potable étaient les priorités de l'aide humanitaire au Darfour.

Mais le Soudan refuse le retour des 13 organisations expulsées après le mandat d'arrêt émis en mars par la Cour pénale internationale (CPI) contre le président Omar el-Béchir pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour.

Cette région de l'ouest du pays est en proie depuis 2003 à un conflit complexe à l'origine de 2,7 millions de déplacés, ce qui en fait le théâtre de la plus importante mission humanitaire au monde en terme d'effectifs et de fonds mobilisés.

Le Soudan avait accusé les ONG expulsées d'espionnage et de collaboration avec la CPI, ce qu'elles ont démenti.

Si les 13 ONG expulsées - dont Care, Oxfam et des sections de Médecins sans Frontières (MSF) - ne sont pas autorisées à reprendre leurs opérations au Darfour, les membres de ces organisations pourraient revenir à titre individuel au sein d'autres organisations, ont souligné les autorités locales.

Depuis l'expulsion des ONG, "nous avons mis en oeuvre des mesures temporaires afin de combler les manques vitaux mais ce n'est pas suffisant. Nous devons y parvenir de façon durable", a souligné John Holmes.

Or la venue de nouvelles ONG, l'extension du mandat de certaines organisations et le renforcement des ONG soudanaises visent à combler ce manque de façon permanente, a-t-il dit, précisant que l'ONU aurait néanmoins préféré le retour des ONG expulsées.

Les visites au Soudan de MM. Holmes et Gration surviennent peu avant le début de la saison des pluies au Darfour, qui complique l'acheminement de l'aide humanitaire et pose des risques quant à la propagation de certaines maladies contagieuses dans des camps de déplacés.

Les humanitaires au Darfour travaillent actuellement dans des conditions de sécurité difficiles en raison du banditisme endémique sur les routes de cette vaste région et des enlèvements récents de membres occidentaux de MSF et d'Aide médicale internationale (AMI).

"C'est un enjeu crucial", a déclaré John Holmes, soulignant qu'il était de la responsabilité du gouvernement soudanais d'assurer la sécurité des humanitaires au Darfour, mais aussi "des groupes rebelles à contrôler les gens avec lesquels ils sont associés".

"Le phénomène le plus préoccupant est l'enlèvement que nous avons vu dans deux cas qui se sont heureusement tous bien terminés. Mais il s'agit d'une tendance dont nous ne voulons pas qu'elle se poursuive. Le Darfour est déjà suffisamment difficile et dangereux sans ce genre de menaces", a déclaré M. Holmes.