Les peshmerga irakiens ont fait reculer les forces de l’organisation de l’État islamique dans la région de Sinjar, selon un responsable kurde, levant ainsi le siège autour d’une montagne où étaient réfugiés des milliers de Yazidis.
"L’offensive militaire contre l'EI la plus grande et la plus réussie". C’est en ces termes triomphants que Masrour Barzani, président du conseil de sécurité de la région autonome du Kurdistan, a présenté, jeudi 18 décembre, les récents succès des peshmerga irakiens contre les combattants jihadistes. Des succès qui restaient cependant à confirmer de source indépendante.
À grand renfort d’images télévisées montrant des carcasses calcinées de véhicules de l'organisation de l'État islamique (EI), le haut responsable kurde a déclaré que les peshmerga avaient repris 700 km2 de terrain en deux jours, repoussant les jihadistes vers leurs fiefs du nord de l'Irak, comme Tal-Afar et Mossoul. Côté américain, le Pentagone, par la voix du général James Terry, a évoqué jeudi "une centaine" de km2 repris par les forces kurdes près de Sinjar, ville tenue par les jihadistes.
Un commandant des peshmerga, Mohamed Kojar, a indiqué à l'AFP que ses troupes avaient sécurisé une route qui permettrait aux gens de quitter vendredi la montagne par le nord-est, brisant de fait le siège. Un chef yazidi, communauté majoritaire dans cette région, considérée comme hérétique par les jihadistes, a cependant indiqué ne voir aucun signe de déploiement militaire sur le Mont Sinjar.
Couper les routes d'approvisionnement de l'EI ?
S’il se confirmait, le succès de cette offensive militaire permettrait aux forces kurdes de reprendre durablement l’ascendant sur les jihadistes de l’EI, selon l’envoyé spécial de RFI.
"L'opération militaire a donc un double enjeu : l'évacuation des civils toujours coincés dans le secteur et la possibilité de lancer un assaut à partir de cette zone, sur la ville de Sinjar, une localité stratégique, puisqu'elle est située entre la ville de Mossoul et la frontière syrienne", explique Sami Boukhelifa depuis Erbil, la capitale du Kurdistan irakien.
"De plus, la route à travers la montagne est cruciale pour l'organisation de l'État islamique, car elle lui sert de voie d'approvisionnement", ajoute le journaliste.
C'est la prise par les jihadistes de la ville de Sinjar en août, et l'exode dramatique des Yazidis sur le mont éponyme, qui avait conduit les Américains à entamer une campagne de bombardements aériens pour freiner l'expansion de l'EI.
Depuis, les États-Unis ont pris la tête d'une coalition internationale anti-jihadistes qui a procédé à plus de 1 300 raids aériens, dont plus de 60 dans le nord de l'Irak rien que depuis le début de cette semaine. La coalition a annoncé que les trois quarts de ces frappes visaient à soutenir l'offensive d'envergure lancée mercredi par les peshmerga et les forces de sécurité, sans préciser les secteurs visés.
Avec AFP