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Nicolas Huchet a présenté, au salon LeWeb’14, son projet pour créer sa propre prothèse de main électrique. Il devrait l’avoir finalisée dans quelques semaines et compte mettre les plans en libre accès afin de réduire le coût des prothèses.
Difficile de parler à Nicolas Huchet. Actuellement, c’est un homme pressé. Il doit se rendre en Inde dans quelques semaines pour une conférence technologique et il veut que sa main soit fin prête pour le déplacement. Cet ancien mécanicien a perdu une main en 2002 dans un accident du travail et développe depuis deux ans une prothèse électrique, créée grâce à l’impression 3D et qui ne serait pas protégé par des droits de propriété.
Au salon LeWeb’14, qui se déroule au nord de Paris jusqu’à jeudi 11 décembre, Nicolas Huchet et des bénévoles de son association Bionico se relaient pour finir le projet dans les temps. “Le plus dur c’est de s’y mettre”, assure Nicolas Huchet, qui reconnaît qu’il n’y connaissait rien en impression 3D et en assemblage de circuit électronique pour des prothèses. Il leur faut encore quelques soudures, relier les fils à des capteurs, qui seront ensuite placés sur le bras permettant à Nicolas Huchet de contrôler la main grâce aux contractions musculaires.
L’histoire de cette main qui sort de l’ordinaire est faite de rencontres. D’abord entre Nicolas Huchet et l’artiste Gaël Langevin, que le quotidien “Libération” a qualifié de “Gepetto moderne”. Ce dernier a, en effet, construit un robot entièrement réalisé en impression 3D et dont les plans sont mis à disposition du premier internaute venu. Gaël Langevin tend, littéralement, la main artificielle à Nicolas Huchet.
Il a ensuite trouvé son Saint Graal au sein des Fablab, ces communautés de passionnés de la fabrication collaborative. Plus précisément, il rencontre à Rennes des étudiants et autres bénévoles qui vont l’aider et l’accompagner dans son projet. Tout est fait pour que cette prothèse de main soit la moins chère possible. Elle utilise du fil de pêche pour relier les différents éléments de la main, les circuits électroniques imprimés sont des modules Arduino, du matériel libre à assembler soi-même pour quelques dizaines d’euros. Nicolas Huchot espère aussi que la main puisse être contrôlée grâce au Bluetooth, ce qui lui permettrait de se débarrasser de tous les fils qui la relient aux capteurs.
“Toutes sortes de prothèses”
En tout, cette nouvelle prothèse lui aura coûté du temps, certes, mais seulement quelques centaines d’euros. Bien moins que les modèles commercialisés par des entreprises privées et dont le prix peut atteindre des dizaines de milliers d’euros.
Ces substantielles économies donnent une idée à l’équipe de Bionico : proposer du matériel paramédical de prothèse en libre accès afin de “filer un coup de main aux manchots pour qu’une prothèse ne leur coûte plus un bras”, avait résumé Nicolas Huchet sur le plateau de Canal+ en juin 2014. C’est le projet “My human kit” qui, comme son nom l’indique, ne se borne pas uniquement aux mains électriques. “On peut penser à toutes sortes de prothèses”, confirme Nicolas Huchet entre deux soudures au salon LeWeb’14.
Mais ce n’est pas qu’une question de coût d’achat. L’avantage de l’open source est que l’utilisateur de la prothèse a la maîtrise de son matériel. “Lorsqu’une prothèse tombe en panne, il faut la renvoyer au constructeur et attendre parfois très longtemps avant de pouvoir la récupérer, mais avec la technologie open source, l’idée est de pouvoir la réparer soi-même”, précise un étudiant rennais en design qui collabore au projet.
Bionico et “My Human kit” ne sont pas les seuls à creuser le sillon de l’innovation dans cette direction, rappelle le site de France Info. Au Royaume-Uni, le projet OpenHand poursuit exactement le même but. Cette association a déjà mis en ligne le premier kit pour fabriquer soi-même son prototype de main électrique baptisé Dextrus 1.0.