À Lima, la conférence de l'ONU sur le climat a approuvé, dans la nuit de samedi à dimanche, des éléments d'un futur traité mondial qui devra être conclu à Paris fin 2015. Un accord qui a satisfait les pays concernés, mais déçu des ONG.
Les pays négociant en vue d'un pacte multilatéral en 2015 pour limiter le réchauffement climatique sont passés outre les clivages entre pays en développement et pays industrialisés. Un accord a minima a pu être conclu, dimanche 14 décembre à Lima, sur leurs futurs engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre, a annoncé le ministre péruvien de l'Environnement Manuel Pulgar Vidal.
Au terme de négociations marathon - qui ont été prolongées d'une trentaine d'heures -, le document final de quatre pages invite les pays participants à présenter, au début de l'année prochaine, leurs propres plans nationaux de lutte contre le réchauffement climatique. Les engagements des différents pays seront compilés dans un rapport au plus tard le 1er novembre 2015, afin d'évaluer leurs effets combinés pour freiner la hausse des températures.
Les plus gros pays pollueurs satisfaits
Ce texte a apaisé les pays émergents, comme la Chine et l'Inde, craignant que les esquisses précédentes n'imposent à leurs économies un fardeau trop lourd, par comparaison avec les pays riches, en matière d'efforts pour freiner le réchauffement climatique. "Nous avons obtenu ce que nous voulions", a déclaré le ministre indien de l'Environnement, Prakash Javedekar, satisfait de voir que le texte préserve l'idée que les pays riches doivent montrer l'exemple en matière de réduction des gaz à effet de serre.
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L'accord satisfait également les pays riches, emmenés par les États-Unis, pour lesquels il est temps que les économies émergentes contiennent leurs émissions de gaz à effet de serre, en forte augmentation ces dernières années. La Chine est désormais le plus gros pollueur de la planète, devant les États-Unis, l'Union européenne et l'Inde.
L'Union européenne a, quant à elle, salué cette conclusion des négociations, affirmant que le texte adopté constituait "un pas en avant" vers un accord global dans la lutte contre le réchauffement climatique lors du sommet prévu fin 2015 à Paris.
"Résultats médiocres"
Cependant, pour les organisations environnementales, l’heure n’est pas à la satisfaction. Ces dernières estiment en effet que l'accord de Lima est beaucoup trop timoré. "Nous sommes passés de faible à un cran plus faible, et ensuite à ce qu'on pouvait faire de plus faible", a estimé Samantha Smith, de l'ONG WWF, au sujet des projets successifs rédigés dans la capitale péruvienne. "Cela laisse une tâche énorme à accomplir aux gouvernements et à tous les autres acteurs dans les douze mois à venir."
Greenpeace a pour sa part estimé qu’on était "très loin d'un accord qui enclencherait enfin la sortie des énergies fossiles, condition pour lutter contre les dérèglements climatiques selon le Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat)", écrit Greenpeace. "Les résultats de Lima sont médiocres mais sans surprise", a en outre déclaré Sébastien Blavier, chargé de campagne énergie à Greenpeace France.
L'idée d'aboutir, à Paris, à un traité international imposant des obligations à tous les pays marque une évolution nette par rapport au protocole de Kyoto (1997), qui n'imposait qu'aux seuls pays riches de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
Avec AFP et Reuters