logo

La Sierra Leone annule les fêtes de Noël pour lutter contre Ebola

L'interdiction des festivités de Noël et du Nouvel An par les autorités sierra-léonaises est la dernière manifestation de l'impact de l'épidémie sur la vie économique et sociale des pays touchés, où près de 6 600 personnes ont succombé au virus.

"Il n'y aura pas de célébrations de Noël ni du Nouvel An cette année" en Sierra Leone, a annoncé vendredi 12 décembre le chef du Centre national de lutte contre l'épidémie, Palo Conteh. "Des militaires seront dans les rues" pour y empêcher toute festivité, a-t-il ajouté.

Le pays compte moins d'un tiers de chrétiens, mais Noël et le Nouvel An donnent généralement lieu à des rassemblements populaires ou à des manifestations festives sans distinction de confession.

Jeudi, la Fédération des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) avait appelé à la vigilance face à l'épidémie Ebola en raison des déplacements pour les fêtes de fin d'année en Afrique de l'Ouest.

"Il pourrait y avoir un risque de (nouvelles) vagues de contaminations si toutes les mesures (sanitaires) ne sont pas respectées" dans une période où les gens se déplacent beaucoup, avait expliqué le secrétaire général de la FICR, Elhadj As Sy.

À Freetown, la capitale sierra-léonaise placée en état d'urgence depuis le 31 juillet, les boîtes de nuit et les bars sont fermés. Les musulmans ont célébré la fête de l'Aïd al-Adha sans faste et avec des rassemblements d'ampleur réduite début octobre. "Nous allons nous assurer que tout le monde reste à la maison pour méditer sur (le danger que représente) Ebola" fin décembre, a déclaré Palo Conteh.

Plus de 18 000 cas selon l'OMS

Des restrictions de circulations sont déjà en place dans la moitié des provinces du pays, qui compte la majorité des 18 188 cas enregistrés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) au 10 décembre. Quelque 6 583 malades sont décédés, presque tous au Liberia, en Guinée et en Sierra Leone.

Sans attendre l'interdiction des festivités en Sierra Leone, Ebola a déjà mis à mal l'activité économique habituellement associée à la période de Noël.

Isatu Kanu, 36 ans, secrétaire dans une société d'assurance à Freetown, s'estime "chanceuse de ne pas avoir été licenciée comme plusieurs amis parce que les affaires vont mal partout".

Les transferts d'argent des émigrés, habituellement transportés par des voyageurs en visite au pays, sont également en baisse depuis que la peur du virus et les restrictions de déplacements ont fait chuter le nombre de visiteurs.

Même un mendiant interrogé par l'AFP dans la capitale a reconnu qu'il osait à peine solliciter des passants "moroses". "Ils s'accrochent à ce qu'ils ont, ne sachant pas de pas de quoi demain sera fait", a-t-il déclaré.

Les mines et l'agriculture tournent au ralenti

L'industrie minière et l'agriculture, poumons économiques des trois pays touchés par Ebola, tournent au ralenti en raison du départ d'une partie de la main-d'œuvre – notamment expatriée – et des difficultés de transport. Les prix des produits alimentaires augmentent et la pénurie menace.

La Banque mondiale a annoncé début décembre que l'épidémie allait faire chuter la croissance de ces pays sous la barre des 4 % cette année, avant d'entraîner la Sierra Leone et la Guinée dans la récession en 2015.

Le 5 décembre, les gouvernements du Liberia, de Sierra Leone et de Guinée ont plaidé à l'ONU pour un plan de relance international afin que "les trois pays puissent se tenir debout après l'épidémie", selon les mots du ministre guinéen de l'Économie Mohamed Diaré.

À Monrovia, la capitale du Liberia, une commerçante du marché de Waterside résume le sentiment général. "Habituellement, les affaires sont bonnes pour nous entre le 1er et le 31 décembre, mais cette année, Ebola a tout gâché", soupire Massa Gborlie.

Avec AFP