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Les enjeux du pélerinage pontifical en Terre sainte

Discours de Ratisbonne, affaire Williamson, guerre de Gaza... Les sujets sur lesquels Benoît XVI sera amené à se prononcer lors de sa tournée au Proche-Orient sont légion. Revue de détail des dossiers qui attendent le souverain pontife.

Benoît XVI effectue son premier voyage au Moyen-Orient qui doit le mener en Jordanie, en Israël et dans les Territoires palestiniens. Et c’est en "pèlerin de la paix" que le pape entreprend cette visite.

"Ma première intention est de visiter ces lieux rendus sacrés par la vie de Jésus et d'y prier pour le don de la paix et de l'unité pour vos familles et tous ceux qui ont pour foyer la Terre sainte et le Moyen-Orient", a-t-il déclaré avant son départ.

"Le voyage est plein de pièges"

S’il s’agit bien d’une tradition pontificale, le voyage de Benoît XVI n’en sera pas moins chargé d’enjeux, notamment sur le plan politique.

"Le voyage est plein de pièges et tout le monde l’attend" au tournant, analyse René Guitton, écrivain, auteur de "Ces chrétiens qu’on assassine", invité à l’émission A la Une de FRANCE 24.

Quelques mois après l’offensive israélienne meurtrière sur la bande de Gaza, les Palestiniens attendent du souverain pontife qu’il s’exprime sur la question. La doctrine du Vatican a toujours été claire, elle évoque le "droit naturel" des Palestiniens à une patrie. Selon René Guitton, "on s’attend à ce que les dirigeants palestiniens et jordaniens demandent au pape de réitérer sa position".

Mais Alexis Masciarelli, correspondant de FRANCE 24 à Rome, rappelle que la solution de deux États défendue par le pape est rendue difficile par le gouvernement conservateur en place" depuis peu en Israël.

Un contentieux plus ancien oppose le Vatican et Israël, celui du statut juridique et fiscal des institutions de l'Eglise catholique en Terre sainte. Ce litige mine les relations diplomatiques entre les deux États.

Une commission israélienne a d’ores et déjà élaboré un projet d’accord à dévoiler à Benoît XVI qui place les sites chrétiens sous l'autorité du Vatican.

Le ministre de l’Intérieur israélien, Eli Yishai, chef du Shaas, puissant parti ultra-orthodoxe juif, s’est cependant prononcé contre ce projet.

Une visite sous forme de défi pour le dialogue des religions

Sur le plan religieux, la visite du pape s’inscrit dans un contexte de tensions, tant du côté musulman que juif. Jugeant le moment peu propice, des chrétiens d’Israël avaient même demandé à Benoît XVI de remettre son voyage.

En Jordanie, les Frères musulmans exigent des excuses de la part du pape. Ils lui reprochent le discours prononcé en 2006 à Ratisbonne, et où il avait fait une corrélation entre la religion musulmane et la violence.

Le climat n’est pas moins tendu en Israël, où la levée de l’excommunication de l’évêque Williamson, négationniste, a soulevé une immense indignation. Une affaire qui n'en finit pas d'embarrasser le Vatican et qui a mis à mal les relations avec la communauté juive.

L’État hébreu attend aussi de Benoît XVI qu’il clarifie sa position sur Pie XII. Le rôle du pape qui était en exercice lors de la Seconde Guerre mondiale et de la Shoah est encore à ce jour controversé. Et l’éventualité de sa béatification souhaitée par Benoît XVI indigne l’État hébreu.