Le patron de Facebook a intensifié ses efforts auprès de Pékin pour obtenir l’autorisation du réseau social, frappé d’interdiction en Chine continentale depuis 2009. Un zèle qui lui a valu d’être caricaturé en "garde rouge" du système chinois.
"La Gouvernance de la Chine" est un pavé de 515 pages compilant discours et interventions diverses du président chinois Xi Jinping. C’est surtout un livre indispensable, selon le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, pour "comprendre le socialisme aux caractéristiques chinoises". Et accessoirement pour augmenter les chances du premier réseau social d’obtenir un accès à ce marché de plus de 600 millions d’internautes, après cinq années d’interdiction administrative.
C’est en tout cas ce que laissent supposer les premières photos de la visite du régulateur de l’Internet chinois, Lu Wei, dans les locaux de la firme californienne. Sur ces images publiées dans les médias chinois lundi 8 décembre, on peut voir Lu Wei, tout sourire, découvrir un exemplaire de "La Gouvernance de la Chine" posé nonchalamment juste à gauche du MacBook de Mark Zuckerberg.
La pensée de Xi Jinping pourrait même irriguer l’ensemble de la compagnie américaine, selon les propos du patron de Facebook rapportés par la presse chinoise. "J'ai également acheté ce livre pour mes collègues – je veux qu'ils comprennent le socialisme aux caractéristiques chinoises", a ainsi expliqué Mark Zuckerberg à son visiteur chinois.
Le livre de Xi Jinping est également disponible en français pour tous les chefs d’entreprise soucieux de développer leurs relations avec Pékin. Comme Mark Zuckerberg, ils peuvent y puiser les clefs de l’accès au plus vaste marché du monde en lisant des chapitres aux titres aussi geek que "La réforme et l’ouverture progressent toujours sans jamais s’achever" ou aussi profonds que "Restons amis fiables et partenaires sincères pour toujours".
Facebook face à la Grande Muraille électronique
Les spécificités de l’Internet chinois sont pourtant bien connues et disponibles librement en ligne – pour peu qu’on ne se connecte pas depuis la Chine continentale. Le pays s’est doté d’une Grande Muraille électronique qui bloque les URLs des sites jugés sensibles – tels que Facebook, Twitter, YouTube – tout en censurant les recherches liées aux mots-clés qui horripilent les autorités chinoises : "Tiananmen", "démocratie", "Dalaï-lama", etc.
Ce système de censure a été décrit par Reporters sans frontières comme "le plus abouti au monde" dans une étude publiée sur son site Internet. Fin 2013, le vice-ministre du bureau d’État pour Internet, Ren Xianliang, se félicitait même d’être parvenu à "nettoyer l’Internet" chinois de toutes les rumeurs néfastes pour le pouvoir.
Cette obsession de Pékin pour le contrôle de l’information n’a pas dissuadé le patron de Facebook d’intensifier son offensive de charme ces dernières semaines. En octobre dernier, Mark Zuckerberg s’était ainsi illustré en parlant mandarin lors d’une conférence avec des étudiants chinois à Pékin. Il expliquait que la société américaine était déjà présente en Chine, avec un bureau à Pékin visant les annonceurs chinois désirant faire connaître leurs activités à l’étranger.
L’activisme de Mark Zuckerberg a pour l’instant surtout pour résultat l’apparition de caricatures présentant le patron de Facebook en garde rouge zélé. Les internautes ont ainsi partagé l’éclat de rire du régulateur de l’Internet chinois dans les locaux de la firme californienne. Ce dernier s’est en revanche abstenu de s’avancer sur l’issue de cette danse du ventre 2.0. Selon des propos rapportés dans "Le Monde", Hu Wei déclarait en octobre dernier : "Je n'ai pas dit que Facebook ne pourrait pas entrer en Chine, mais je n'ai pas dit qu'il pourrait. "