logo

Attentat de Manchester : la pire attaque contre la communauté juive en Europe depuis le 7-Octobre
Le Royaume-Uni est en état "d'alerte maximale" pour assurer la sécurité d'une communauté juive britannique profondément inquiète, au lendemain de l'attentat contre une synagogue à Manchester qui a fait deux morts. Alors que les actes antisémites sont en hausse en Europe, il s'agit de la première attaque mortelle depuis le massacre commis par le Hamas le 7 octobre 2023 en Israël et le déclenchement de la guerre à Gaza.

Pour afficher ce contenu YouTube, il est nécessaire d'autoriser les cookies de mesure d'audience et de publicité.

Accepter Gérer mes choix

Une extension de votre navigateur semble bloquer le chargement du lecteur vidéo. Pour pouvoir regarder ce contenu, vous devez la désactiver ou la désinstaller.

Réessayer
Des membres de la communauté juive se réconfortent mutuellement près de la synagogue de la communauté hébraïque de Heaton Park, à Crumpsall, Manchester, en Angleterre, le jeudi 2 octobre 2025. AP - Peter Byrne
00:56

L'Angleterre est sous le choc après l'attentat perpétré, jeudi 2 octobre, devant une synagogue très fréquentée pour la fête de Yom Kippour à Manchester, par un Britannique d'origine syrienne qui a été abattu par la police.

L'assaillant a dirigé sa voiture sur des personnes qui se trouvaient à l'extérieur de la synagogue d'Heaton Park à Crumpsall, dans le nord de l'agglomération de Manchester, avant de sortir de son véhicule et de s'en prendre à elles avec un couteau. La police a annoncé jeudi soir qu'il s'agissait d'un homme de 35 ans, un Britannique d'origine syrienne nommé Jihad Al-Shamie, qui n'avait jamais fait l'objet d'un signalement auprès du programme national de prévention de l'extrémisme. Il est arrivé au Royaume-Uni alors qu'il était jeune enfant, et a obtenu, encore mineur, la nationalité britannique en 2006, selon un source gouvernementale.

Pour afficher ce contenu X (Twitter), il est nécessaire d'autoriser les cookies de mesure d'audience et de publicité.

Accepter Gérer mes choix

L'un des deux hommes tués lors de l'attaque aurait été abattu par un policier alors que des fidèles tentaient d'empêcher l'agresseur d'entrer dans le bâtiment, ont indiqué vendredi les forces de l'ordre. Celles-ci ont dévoilé les noms des deux hommes tués, Adrian Daulby, 53 ans, et Melvin Cravitz, 66 ans, deux membres de la communauté juive de Manchester. 

La police a abattu le suspect sept minutes après qu'il ait foncé avec sa voiture sur des piétons devant la synagogue. Il portait ce qui semblait être une ceinture explosive, qui s'est avérée être factice.

Une hausse des attaques antisémites au Royaume-Uni

Cette attaque qualifiée de terroriste par les forces de l'ordre est l'une des pires visant des juifs en Europe depuis l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, qui a déclenché la guerre à Gaza. 

Le Royaume-Uni a connu une augmentation du nombre des incidents antisémites depuis deux ans. L'organisation juive Community Security Trust (CST) en a recensé 1 521 au cours des six premiers mois de 2025, en baisse par rapport au record de 2 019 au premier semestre 2024. Bien que ce chiffre soit en recul de 25 % sur un an, il reste le deuxième plus élevé depuis le début des relevés du CST en 1984.

L’association souligne qu’elle a enregistré le plus grand nombre de signalements quotidiens (26, dont 16 en ligne) le 29 juin, au lendemain du concert du duo Bob Vylan au festival de Glastonbury en Angleterre. Lors de leur passage sur scène, les rappeurs avaient scandé "Mort, mort aux IDF [forces de défense israéliennes, ndlr.]". La police a depuis ouvert une enquête. Vient ensuite le 17 mai, lors duquel le CST a relevé 19 signalements au lendemain de l’annonce par Israël d’une expansion de son offensive militaire à Gaza.

Un phénomène européen

La Grande-Bretagne n'est pas le seul pays européen confronté à une augmentation inquiétante des actes antisémites, exacerbés par l'état de guerre généralisée qui s'est installé au Moyen-Orient depuis deux ans. En France, même si le nombre d'actes antisémites enregistrés durant les premiers mois de 2025 est en baisse de 27 % par rapport à la même période de l'année 2024, il reste cependant largement supérieurs à ceux dénombrés dans l'hexagone avant les attaques du 7-Octobre. 

Deux frères de 19 ans ont été placés en détention provisoire, en août dernier, soupçonnés d’avoir abattu un olivier planté en mémoire d’un jeune juif torturé à mort en 2006, Ilan Halimi. Plus récemment, un homme de confession juive qui se rendait à la synagogue, a été violemment agressé fin septembre à Yerres, dans l'Essonne. L'assaillant l’aurait également insulté et menacé, en lui lançant 'Sale juif, on va te tuer', avant de prendre la fuite.

En Grèce cet été, plusieurs escales du bateau de croisière israélien "Crown Iris" ont été perturbées par des manifestations hostiles de centaines de personnes, à l’appel notamment d’un syndicat proche du parti communiste. Aux Pays-Bas en novembre 2024, la police amstellodamoise avait été débordée par des ratonnades contre des supporters du club israélien Maccabi Tel Aviv, qui eux-mêmes avaient auparavant entonné des chants anti-arabes. En Allemagne, un nombre record de 6 236 crimes et délits antisémites ont été recensés en 2024, presque trois fois plus qu’en 2022 selon l’agence de renseignement intérieur.

De précédentes attaques mortelles antisémites

L'attentat de Manchester est cependant la première attaque mortelle commise contre des juifs en Europe depuis les attaques du 7-octobre.

Le vieux continent a été la cible dans les années 2010 de plusieurs attentats antisémistes d'inspiration jihadiste. Le 14 février 2015, Omar El-Hussein, un jeune Danois d'origine palestinienne, avait ouvert le feu sur un centre culturel de Copenhague, tuant une personne, un réalisateur de 55 ans, avant de prendre la fuite. Il avait ensuite abattu la nuit suivante un juif de 37 ans qui montait la garde devant une synagogue de Copenhague, avant d'être tué à l'aube lors d'un échange de tirs avec la police.

Quelques semaines plus tôt, à Paris, le 9 janvier 2015, quatre personnes de confession juive avaient été tuées dans un Hypercasher lors d'une prise d'otages par le jihadiste Amédy Coulibaly, ensuite abattu par la police.

Un an auparavant, le 24 mai 2014, le Français, Mehdi Nemmouche, avait ouvert le feu dans le hall d'entrée du Musée juif de Bruxelles, tuant un couple de touristes israéliens, une bénévole française et un jeune employé belge du site.

L'attaque la plus marquante reste celle qui a eu lieu à Toulouse par Mohamed Merah dans l'école juive Ozar Hatorah. Le 19 mars 2012, ce petit délinquant franco-algérien se réclamant du réseau jihadiste Al Qaïda, avait tué un professeur en religion, Jonathan Sandler, qui se tenait sur le trottoir, ainsi que ses fils Gabriel, 3 ans, et Arié, 5 ans. Dans la cour de l'établissement, il avait exécuté la fille du directeur, Myriam Monsonégo, 8 ans, et blessé grièvement un adolescent. Refusant de se rendre, il avait été abattu le 22 mars par les forces de l'ordre dans son appartement, à l'issu d'un siège de 32 heures.

Avec AFP