La police de Hong Kong a fait usage de la force lundi pour repousser les militants prodémocratie qui tentaient d'encercler le siège du pouvoir. Depuis plus de deux mois, l'ex-colonie britannique est le théâtre de manifestations.
Après une nuit de heurts entre policiers et militants prodémocratie, la police de Hong Kong a repoussé par la force, lundi 1er décembre, les manifestants qui tentaient d'encercler le siège du pouvoir dans l'ancienne colonie britannique passée sous tutelle chinoise.
La situation restait encore volatile lundi matin. Les routes étaient ouvertes à la circulation, mais les bâtiments gouvernementaux ont gardé portes closes. Le Conseil législatif a suspendu ses travaux.
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De nouveaux heurts se sont produits entre policiers et manifestants lundi matin dans un centre commercial près d'Admiralty, près du siège du pouvoir. Une personne a été évacuée sur un brancard, selon l'AFP.
Dans la nuit de dimanche, les policiers armés de bâtons et de gaz au poivre étaient allés au contact des manifestants prodémocratie, qui avaient envahi une artère principale devant le siège du pouvoir. "Encerclez le siège du gouvernement, paralysez le gouvernement!", scandaient les protestataires en colère.
Des blessés et 40 interpellations
Lors des heurts de la nuit, plusieurs manifestants ont été blessés. L’un d’entre eux, le visage ensanglanté, a été aperçu par les médias alors qu'il était emmené par la police. D'autres ont été soignés par des volontaires après avoir été aspergés de gaz au poivre, tandis que les forces de police ont eux aussi été la cible de violence, notamment de jets de casques.
"Dans une situation où ils n'avaient pas d'autre choix, les policiers ont fait un usage minimal de la force en aspergeant [les manifestants] d'eau, de gaz au poivre et de bâtons", a assuré un haut gradé de la police, Tsui Wai-hung. D’après les forces de l’ordre, 40 interpellations ont eu lieu et 11 officiers ont été blessés.
"C'est l'escalade qu'on attendait. Cela aurait dû avoir lieu depuis un bon moment", a déclaré à Kelvin Lau, l'un des manifestants présents.
Frustration des manifestants
Le 28 septembre, le mouvement prodémocratie s'était brutalement accéléré à Hong Kong et les manifestants étaient descendus dans les rues par dizaines de milliers. Depuis, leur nombre s'est considérablement réduit mais ils occupent toujours, outre Admiralty, un site plus petit à Causeway Bay, le quartier commerçant fréquenté par les Chinois du continent.
La semaine dernière, les autorités avaient évacué un troisième campement, celui de Mongkok, dans la partie continentale de Hong Kong. Près de 150 personnes avaient alors été interpellées, dont les leaders étudiants, Joshua Wong et Lester Shum.
Les protestataires redoutent désormais que les autorités ne réservent le même sort au site d'Admiralty, où des centaines de tentes sont installées sur ce qui était jusqu'à récemment une autoroute urbaine à neuf voies.
Le mouvement prodémocratie s’érode
La popularité du mouvement s'est beaucoup érodée de part la lassitude des sept millions d'habitants, excédés par les embouteillages monstres causés par les manifestations. Et le manque de perspectives s'ajoute aux frustrations. Une seule séance de négociations entre les manifestants et les autorités locales n'a débouché sur aucun résultat concret et personne ne s'attend à ce que la Chine cède d'un pouce aux exigences des protestataires.
Hong Kong connaît là sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession à Pékin en 1997. Ses habitants bénéficient de droits inconnus sur le continent, comme la liberté d'expression ou le droit de manifester mais le sentiment que ces libertés sont menacées se répand de plus en plus.
Pour la prochaine élection du chef de l'exécutif en 2017, Pékin a réservé à un comité de grands électeurs majoritairement favorable au Parti communiste chinois le soin de présélectionner les candidats pour Hong Kong, des conditions jugées inacceptables pour le camp prodémocratie.
Avec AFP