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Le FN réuni à Lyon : "Le congrès de la confirmation pour Marine Le Pen"

Marine Le Pen a été réélue dimanche à la présidence du Front National, qui se réunit, samedi et dimanche, en congrès à Lyon. Trois ans après son accession à la tête du parti, elle vise surtout le second tour de la présidentielle de 2017.

Le 15e congrès du Front national qui a lieu, à Lyon, samedi 29 et dimanche 30 novembre, couronne une année 2014 qui a été un bon cru pour le FN et sa présidente Marine Le Pen, réélue à l'unanimité à la tête du parti. Après les succès électoraux du parti d’extrême droite aux élections européennes et sénatoriales, la fille de Jean-Marie Le Pen vient d’être consacrée parmi "les penseurs mondiaux" de l’année par le magazine américain "Foreign Policy". Elle est la seule personnalité politique de l'Hexagone à y figurer, aux côtés de cinq autres français dont l'économiste Thomas Piketty.

Marine Le Pen y apparaît dans la catégorie "Challenger" au vu de l’ascension de son parti dans le paysage politique français. "Le Pen est devenu un porte-étendard de l’extrême droite européenne et des forces eurosceptiques, un modèle pour ceux qui pourraient devenir, eux aussi, des concurrents politiques sérieux", estime le magazine, qui précise que la citer ne signifie pas l’approuver. "Foreign Policy" explique qu’il a voulu mettre en avant des personnalités qui ont marqué l’année 2014 "en bien ou en mal".

"[Marine] Le Pen a subtilement pris ses distances avec son père, antisémite, ancien dirigeant du FN, et elle a changé l’image de son parti devenu un refuge pour les déçus des dysfonctionnements politiques. Elle exprime du mépris pour le racisme, en dépit des positions fortement anti-immigrés de son programme, et concentre ses attaques verbales contre Bruxelles", ajoute encore le média américain.

Le magazine omet toutefois de signaler que si l’ascension du FN aux élections européennes, avec ses 24 eurodéputés, est perçue comme un succès par certains partis eurosceptiques européens, Marine le Pen n’a pas réussi à constituer de groupe au sein du Parlement européen. Le parti europhobe britannique Ukip, qui considère le parti d’extrême-droite français comme raciste et donc "infréquentable", a formé en juin son propre groupe, sans la formation française.

"Le congrès de la confirmation pour Marine Le Pen"

Néanmoins grâce à ses efforts de "dédiabolisation", le Front national a su s’imposer en quelques années comme le troisième parti de France, ce qui lui permet désormais de viser une qualification au second tour de la présidentielle de 2017. Sa formation recueille 30 % d'intentions de vote selon les derniers sondages, et une première place au premier tour si la présidentielle avait lieu immédiatement.

Seule candidate à sa succession lors du congrès national, la présidente du FN a été réélue avec 100 % des suffrages exprimés à l'issue d'un vote par correspondance et dont les résultats ont été annoncés dimanche 30 novembre. La fille du fondateur du FN, Jean-Marie Le Pen, a désormais en ligne de mire les prochaines élections cantonales et régionales de 2015, sur la lancée de ses succès électoraux précédents.

"Le congrès de Lyon sera celui de la confirmation pour Marine Le Pen", estimait avant le week-end le politologue Jean-Yves Camus, spécialiste de l'extrême droite, pour qui la stratégie de dédiabolisation du parti a fonctionné. "L'actualité est en outre favorable au FN, avec un président socialiste au plus bas et une droite qui s'écharpe", explique-t-il. "Le FN est assuré d'être sur une pente ascendante".

La machine est en marche

Pourtant le parti est encore loin de disposer des cadres et des moyens nécessaires à une bataille de second tour, mais Marine Le Pen dispose de deux ans pour préparer le terrain. "Marine Le Pen essaie de structurer son parti, de le professionnaliser, d'en faire un parti à même de répondre aux défis du pouvoir, avec des formations qui sont maintenant très technocratiques alors qu'elles étaient dans les années 1990 très idéologiques", souligne Sylvain Crépon, maître de conférences à Tours, qui enseigne la structuration du FN.

Autre pilier bancal du parti qui est en cours de consolidation : l’élargissement du discours au-delà des thèmes habituels de l'immigration et de la sécurité, pour tenter de conquérir de nouvelles catégories d'électeurs. Autour de la présidente du FN, des conseillers s'efforcent de muscler le programme économique du parti, qui ne peut se limiter à la sortie de l'euro ou à l'élargissement de l'impôt. Le FN va tenter de mettre en avant au cours de ce Congrès "de nouvelles têtes" et de "nouveaux thèmes".

Sur le plan des finances, le FN a contracté fin septembre un emprunt de neuf millions d'euros auprès de la banque russe, First Cezch Russian Bank (FCRB). Mediapart affirme dans un article publié mercredi soir que "les responsables du Front national ont voulu emprunter en Russie une somme globale de 40 millions d'euros", ce que conteste le FN.

>> À lire sur France 24 : "Emprunt russe : le FN se tourne vers l'Est pour se financer"

L’épreuve et les erreurs du terrain

Si le FN bénéficie d'une meilleure image, nombreux sont ceux qui s'inquiètent de sa capacité à prendre les commandes du gouvernement. Pour Sylvain Crépon, "la gestion des mairies va être fondamentale. Beaucoup des villes FN sont grevées par les dettes, par les problèmes financiers. Si le FN arrive, au bout de son mandat, à améliorer cette situation, ça sera une légitimité indéniable", estime le chercheur.

Toutefois certains des maires FN élus depuis huit mois, ont déjà créé la polémique. Dans la commune du Pontet dans le Vaucluse, au lendemain de son élection Joris Hébrard, le maire du parti d’extrême droite - dont les conditions d’élection sont examinées en appel par la justice française - fait voter par sa majorité une augmentation de 44 % de ses indemnités, qui passaient de 2 470,95 euros à 3 227,45 euros. Cette délibération avait été annulée après un avis négatif de la préfecture du Vaucluse, qui avait jugé cette hausse contraire au code des collectivités territoriales. Le maire avait également décidé la suppression de la gratuité de la cantine pour les plus démunis et retiré sa subvention au Téléthon.

À Béziers dans l’Hérault, où un tiers des habitants vivent sous le seuil de pauvreté, le maire Robert Ménard à été l'objet de vives critiques, mais aussi d'applaudissements, depuis son élection grâce au soutient du FN, en renforçant la présence policière dans la ville, en interdisant d’accrocher le linge aux fenêtre ou en instaurant un couvre-feu pour les mineurs de 13 ans, en signant un arrêté anticrachats, en lançant des brigades de propreté, ou encore en proposant de fournir des blouses dans les écoles.

>> À voir sur France 24 : "Le FN à l’épreuve du terrain à Béziers, Fréjus et Hénin-Beaumont"

Avec AFP et Reuters