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Si le calme était revenu mardi matin à Ferguson, une nouvelle flambée de violences reste à craindre dans cette ville du Missouri, où de nouvelles manifestations sont prévues. Les avocats de la famille de Michael Brown dénoncent, eux, une injustice.

Après une nuit d’émeutes, Ferguson affichait, mardi 25 novembre au matin, les restes encore fumants de la guérilla nocturne. Le calme est revenu dans les rues quasi desertes de la petite ville du Missouri, mais une nouvelle flambée de violences reste à craindre. Le gouverneur de l'État du Missouri a ordonné, mardi, le déploiement de 2 200 hommes de la Garde nationale dans la ville. 

Le jugement de la veille reste une pilule amère, pour des milliers d’Américains, la famille de Michael Brown en premier lieu. Les avocats de la famille du jeune Noir de 18 ans, tué le 9 août à Ferguson, ont fustigé le verdict le grand jury qui a prononcé un non-lieu, lundi.

"Nous avons pu voir à quel point cette décision était injuste. Nous protestons ouvertement et fortement au nom de Michael Brown, a dénoncé Benjamin Crump lors d'une conférence de presse. Nous nous élevons contre cette décision car dans toute l'Amérique, que ce soit à New York, à Los Angeles, en Californie, à Cleveland, les jeunes garçons de couleur sont tués par les policiers", a-t-il ensuite rappelé. 

La famille de Michael Brown, mort à 18 ans, s'est, elle, déclarée "profondément déçue" que Darren Wilson ne soit pas poursuivi par la justice. Après trois mois de délibérations, le procureur du comté de Saint-Louis a annoncé, lundi soir, que l'agent de police de 28 ans ne serait pas inculpé, le jury ayant considéré qu'il avait agi en état de légitime défense après une "altercation".

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Benjamin Crump, avocat de la famille de Michael Brown

Ferguson craint de nouvelles violences

Malgré l'appel au calme de la famille Brown et du président Obama, des manifestations ont éclaté dans plusieurs villes américaines après l’annonce de cette décision. De Seattle à New York, des milliers d'Américains sont descendus dans les rues pour dénoncer "le racisme qui tue". Dans la petite ville de Ferguson, les manifestations ont dégénéré en émeutes et une soixantaine de personnes ont été arrêtées.   

Mardi, les habitants de cette petite banlieue de Saint-Louis se sont réveillés en état de choc. Survolée par des hélicoptères, la principale artère de Ferguson était circonscrite par des cordons de police. "Nous devons gérer encore des pillages et des vols", a expliqué un policier en barrant la route à une journaliste de l'AFP. "C'est trop dangereux d'entrer dans la zone d'émeutes".
Mais le calme semble précaire. Le gouverneur du Missouri, Jay Nixon, qui avait décrété l'état d'urgence, a demandé des renforts à la garde nationale dans la crainte de nouvelles violences.  "Il y a de nouveaux appels à manifester dans la soirée. Ce n’est pas prêt de se calmer", avertit Stanislas de Saint-Hippolyte, correspondant de France 24 à Washington. 
À Saint Louis, les manifestants n'ont pas attendu la soirée pour se rassembler. À l'heure du déjeuner, près de 300 personnes ont contourné les barricades de la police et afflué près de la cour de justice fédérale aux cris de : "Vous n'avez pas inculpé. On va se battre".           
Une justice à deux vitesses ?
La mort de Michael Brown a ravivé le débat sur l'attitude des forces de l'ordre et les relations raciales aux États-Unis, 22 ans après l'affaire Rodney King et les émeutes qui avaient embrasé Los Angeles après l'acquittement de quatre policiers blancs filmés en train de passer à tabac cet automobiliste noir.

"La communauté afro-américaine estime qu’il s’agit d’une justice raciale", analyse Stanislas de Saint-Hippolyte qui rappelle que le grand jury était composé de "neuf jurés blancs et trois noirs". "Toutes les cicatrices du racisme, qui sont encore très présentes aux États-Unis, se rouvrent", poursuit-il.
Dans son message, le président Obama a d'ailleurs mis en garde contre la tentation de "dissimuler les problèmes" liés au racisme aux États-Unis. "Dans trop de régions du pays, il existe une profonde défiance entre les forces de l'ordre et les communautés de couleur", a-t-il regretté.
Avec AFP et AP