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Un rapport économique franco-allemand potentiellement explosif préconiserait pour la France une refonte de la loi sur les 35 heures, un gel des salaires et plus de flexibilité sur le marché du travail, selon le quotidien allemand "Der Spiegel".

Une remise en cause des 35 heures, davantage de flexibilité et un gel des salaires... Le Medef a-t-il encore frappé ? Non. Cette fois, c'est un rapport commandé par les ministres français et allemand de l'Économie qui préconise ces pilules socialement amères pour l'économie française, d'après le quotidien allemand "Der Spiegel".

Ce document, qui doit être remis aux gouvernements allemand et français par les économistes Jean Pisani-Ferry et Henrik Enderlein, explore des pistes pour relancer la croissance des deux côtés du Rhin. Pour la France, c'est un tir nourri contre certains symboles de la gauche. 

La loi sur les 35 heures est l'une des cibles privilégiées de la droite depuis son entrée en vigueur en 2 000. Que sa remise en cause se retrouve dans un rapport commandé par un gouvernement de gauche risque de faire des vagues au sein de l'actuelle majorité. Jean Pisani-Ferry a d'ailleurs tenté de déminer le terrain, affirmant que le compte rendu fait par "Der Spiegel" ne reflète pas le contenu du rapport.

Berlin réticent à dépenser plus

Outre le temps de travail, les propositions pour la France concerneraient également une plus grande flexibilité du marché du travail et un "gel des salaires" pendant trois ans. Là encore, ce sont des réformes souhaitées par la droite, mais il faudra attendre jeudi pour savoir précisément jusqu'à quel point le rapport propose de réformer le modèle français. Le compte rendu du "Spiegel" se contente d'évoquer les pistes de réflexion et n'entre pas dans le détail des propositions.

En Allemagne aussi, les premières informations sur le contenu de ce document risquent de créer des remous, mais pas pour les mêmes raisons. Les deux économistes ne suggèrent pas à Berlin de faire davantage en matière de flexibilité, mais de dépenser plus. Le rapport estime que l'Allemagne devrait investir 20 milliards d'euros dans ses infrastructures et non pas 10 milliards comme prévu par le gouvernement d'Angela Merkel. Cette somme supplémentaire doit servir à stimuler la croissance allemande qui marque actuellement le pas.

Problème : le ministre des Finances, Wolfgang Schaüble, ne veut pas entendre parler d'une hausse supplémentaire des dépenses publiques. Il a déjà accepté à contre cœur l'idée de faire 10 milliards d'euros d'investissement, tout en réaffirmant que son but était de présenter un budget à l'équilibre.