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Innocent, Ricky Jackson est libéré après 39 ans de prison

Après avoir passé 39 ans derrière les barreaux, Ricky Jackson a été libéré vendredi 21 novembre à Cleveland, dans l'Ohio. L'homme de 57 ans a été accusé de meurtre, à tort, par un garçon de 12 ans qui s'est rétracté une fois adulte.

Ricky Jackson est innocent. Il vient pourtant de passer 15 000 nuits en prison. Soit 39 ans derrière les barreaux, à cause du mensonge d’un enfant. Ce Noir américain de 57 ans avait été accusé à tort d'un meurtre, sur la base du faux témoignage d'un garçon de 12 ans qui, arrivé à l'âge adulte, a révélé n'avoir rien vu du crime. Il a retrouvé la liberté vendredi.

"La dernière fois que Ricky a goûté à la liberté, le timbre coûtait 10 cents, Gerald Ford était président (...) et Billie Jean King gagnait Wimbledon", a rappelé son avocat Mark Godsey, une demi-heure après la libération dans la salle du tribunal du comté à Cleveland, dans l’Ohio. "
Le prisonnier avait écopé de la peine capitale en mai 1975, reconnu coupable, avec deux complices, d'avoir frappé, jeté de l'acide et tiré deux coups de feu sur un homme qui était venu collecter la recette d'un magasin d'alimentation. Le tireur avait également grièvement blessé par balle la femme du propriétaire du magasin.
La sentence de mort avait été révoquée trois ans plus tard, en raison d'une erreur de procédure puis de l'abolition de la peine capitale en Ohio, depuis rétablie. Ses deux compagnons d'infortune, deux frères, avaient aussi vu leur peine commuée en prison à vie, avant d'être innocentés. Mais tous trois étaient passés proches de l'exécution.
"Manipulé par la police"
Venu se rétracter officiellement devant le juge, le principal témoin Eddie Vernon, aujourd'hui âgé d'une cinquantaine d'années, avait confessé son mensonge à son pasteur et expliqué qu'il pensait alors "faire ce qu'il fallait" en aidant la police à résoudre le crime.
Le jeune Vernon était en fait dans le bus d'école, à quelques pâtés de maison de la scène du crime, quand il a entendu les coups de feu.  Mais, pris dans la spirale du mensonge, et sous la pression des policiers, l'enfant avait dû identifier des hommes qu'il n'avait jamais vus. "J'étais un enfant noir du quartier, pauvre et sans éducation. Un homme blanc avait été tué. Je ne connaissais rien du système judiciaire. Pensez-vous vraiment qu'à 12 ans, je pouvais faire face à ces policiers qui me criaient au visage?", a témoigné Vernon, en larmes, au tribunal, selon le récit de l'avocat. 
En sortant du tribunal, Ricky Jackson a déclaré n'avoir aucune "animosité" envers le témoin. "En 1975, c'était un môme de 12 ans et il était manipulé et forcé par la police (qui l'a) utilisé pour nous mettre en prison".
Record dans un cas d'erreur judiciaire
Le cas Ricky Jackson est cas record dans l'histoire des erreurs judiciaires aux États-Unis. "Ricky Jackson [est] la personne innocentée qui a purgé la plus longue peine de l'histoire américaine, selon le National Registry of Exonerations", a ajouté l'avocat Mark Godsey sur le compte Facebook de son organisation Ohio Innocence Project. Lors d'une audience mardi au tribunal du comté à Cleveland, le procureur Timothy McGinty avait déclaré que "l'Etat s'incline devant l'évidence" et abandonne les poursuites.
Une "évidence" qui a mis 39 ans à être entendue : Jackson avait toujours clamé son innocence. Après "près de 15 000 nuits en prison", il est sorti sans un sou, ni vêtements d'hiver, selon l'Ohio Innocence Project, qui lui viendra en aide avant une éventuelle compensation de l'Etat.
Selon le Centre d'information sur la peine capitale, il s'agit du 148e condamné à mort innocenté aux Etats-Unis depuis 1973, le cinquième cette année. En mars, un autre Noir américain, Glenn Ford, condamné à la peine capitale pour meurtre par un jury exclusivement blanc, avait été libéré après 30 ans passés dans le couloir de la mort en Louisiane (sud), à la faveur de nouveaux éléments l'innocentant.

Avec AFP