La Chine a inauguré lundi sa plateforme "Connect", qui ouvre la Bourse de Shanghai aux investisseurs étrangers et celle de Hong Kong aux Chinois continentaux. Un mariage qualifié d'"historique" pour le système financier chinois.
Le capitalisme de marché continue à marquer des points en Chine. Pékin a fait, lundi 17 novembre, un pas important vers l'une des plus grandes intégrations de son marché financier à l’international. Les Bourses de Shanghai et de Hong Kong travaillent, dorénavant, main dans la main. Tous les investisseurs étrangers peuvent, pour la première fois, acheter des actions de sociétés cotées uniquement en Chine. En parallèle, les fonds institutionnels de Chine continentale peuvent directement investir sur le marché financier de Hong Kong.
"Cela peut avoir l'effet d'un big bang financier", renchérit, Michel Aglietta, économiste au Centre d'études prospectives et d'informations internationales (CEPII). Les investisseurs étrangers n’ont, d'ailleurs, pas manqué de se faufiler par cette nouvelle porte financière ouverte sur la Chine.
Les transactions sur cette plateforme baptisée “Connect” ont atteint 13 milliards de yuan
(environ 1,7 milliard d’euros) en une demi-journée, volume quotidien maximum autorisé par les autorités chinoises.
En revanche, les investisseurs chinois ne se sont pas rués sur Hong Kong, le plafond de 10,5 milliards de yuan n’a donc pas été atteint. Ce n’est pas forcément étonnant, d’après Michel Aglietta. “Le processus sera progressif car il faut que des fonds institutionnels se forment en Chine pour pouvoir placer l’épargne à Hong Kong”, estime ce spécialiste de l’économie chinoise.
Troisième place financière au monde
Surtout, cette ouverture était avant tout très attendue par les investisseurs internationaux. Cette nouvelle place financière peut devenir la troisième plus importante au monde, derrière le New York Stock Exchange et le Nasdaq, si l’intégration des deux marchés se renforce. Actuellement, Hong Kong est la sixième Bourse au monde en terme de capitalisation, et Shanghai, la septième.
L’appétit pour les valeurs cotées à Shanghai peut donc se comprendre. Mais quel est l’intérêt de Pékin dans cette histoire ? Le gouvernement n’a pas accepté d’ouvrir cette plateforme simplement pour les beaux yeux des fonds d’investissement du monde entier. “Pour Pékin , c’est une manière de pousser les grands groupes à dépendre moins de l’endettement public et davantage des capitaux privés”, explique Michel Aglietta. Le poids de la dette des sociétés qui se financent actuellement surtout en empruntant de l’argent aux banques nationales commencent à se faire sentir dans les finances publiques. L’État espère, avec cette nouvelle liaison boursière entre Shanghai et Hong Kong, assainir ses comptes.
Mais Pékin ne veut pas non plus ouvrir, du jour au lendemain, toutes les fenêtres et portes financières aux investisseurs étrangers. Outre les quotas quotidiens, le régime chinois a aussi fixé une limite globale qui interdit d’investir plus de 300 milliards de yuan (40 milliards d’euros) à Shanghai via la plateforme “Connect”. Les Chinois continentaux ne pourront, quant à eux, plus de 250 milliards de yuan (35 milliards d’euros) à la Bourse de Hong Kong.
Les étrangers attirés par la Bourse de Shanghai pourront, certes, acheter des actions des principaux grands groupes tels que PetroChina ou Bank of China, mais pas investir dans les jeunes start-up. Pour les Chinois continentaux, la situation est encore différente : seuls les investisseurs institutionnels et les individus qui ont plus de 500 000 dollars à placer peuvent participer à cette "révolution" boursière.