![Décès de Lucien Clergue, figure tutélaire des rencontres d’Arles Décès de Lucien Clergue, figure tutélaire des rencontres d’Arles](/data/posts/2022/07/19/1658249323_Deces-de-Lucien-Clergue-figure-tutelaire-des-rencontres-d-Arles.jpg)
Lucien Clergue, le photographe arlésien et fondateur des Rencontres d’Arles, plus grand festival de photographie d’Europe, est mort, samedi, à l'âge de 80 ans. Il s’était battu toute sa vie pour faire reconnaître la photographie comme un art.
Il était un poète du nu, un amoureux de la Camargue, un chantre des corridas. Lucien Clergue, photographe à l’origine des Rencontres photographiques d’Arles, est décédé, samedi 15 novembre, à l’âge de 80 ans, des suites d’une longue maladie.
Premier photographe à être entré sous la Coupole, en octobre 2007, Lucien Clergue s’est battu toute sa vie pour faire reconnaître la photographie comme un art, créant dans sa ville natale le plus grand festival d’Europe. Chaque été depuis 1970, les Rencontres attirent des milliers d’amateurs, français comme étrangers, autour de dizaines d’expositions.
L'été dernier, pour sa dernière édition, l'ex-directeur des Rencontres d'Arles, François Hébel, lui a rendu hommage. Dans un long couloir blanc, la voix rocailleuse à l’accent provençale de Clergue accompagnait ses plus célèbres images, choisies parmi ses quelque 800 000 photographies. Les haut-parleurs faisaient résonner les anecdotes de sa vie, les souvenirs de modèles aux seins ronds, ou les rencontres décisives.
"Picasso, je lui dois tout"
Lucien Clergue est venu à la photographie un peu par hasard. Il apprend d'abord le violon, mais n'a pas les moyens de fréquenter le conservatoire. Il commence alors à travailler à l'usine et s’empare d’un boitier en autodidacte. "La photo, je la pratiquais entre midi et 2 heures, par passion", a-t-il expliqué.
Survient alors l'une de ses rencontres exceptionnelles qui vont marquer sa vie d'homme et d'artiste. "Un jour de 1953, je suis allé aux Arènes d'Arles où Picasso venait d'assister à une corrida et je l'ai interpellé pour lui montrer mes photos. C'étaient des recherches, avec des flous, des bougés. Il m'a encouragé à continuer." Le Minotaure deviendra un ami intime, jusqu'à la mort du peintre en 1973.
Il croise aussi la route de Jean Cocteau, qui s’inspirera des photos de Gitans de Clergue pour décorer la chapelle de Villefranche, ou celle du guitariste Manitas de Plata qu’il a découvert lors d’un festival de musique gitane.
Faire reconnaître la photo comme un art
En 1960, Clergue quitte enfin son usine pour se consacrer entièrement à son art. Ruines, saltimbanques, corridas, gitans, nus féminins inspirés de ceux de l’Américain Edward Weston, sont ses thèmes récurrents. Dès 1961, Clergue expose au Moma (Museum of Modern Art) de New York et découvre qu'outre-Atlantique, la photographie est reconnue par les musées. Il aide alors à la création en 1965 d'un département de la photographie, le premier en France, au sein du musée Réattu d'Arles.
Puis en 1969, il se lance dans l’aventure des Rencontres d’Arles, avec Agnès de Gouvion Saint-Cyr, autre figure arlésienne de la photo, l'écrivain Michel Tournier et Jean-Maurice Rouquette, conservateur des Musées d'Arles. Par son énergie communicative, Clergue a su convaincre les plus grands de venir à Arles : Brassaï, William Eugene Smith, André Kertesz ou Robert Mapplethorpe.
Il est également l'un des initiateurs de l'École nationale supérieure de la photographie, créée en 1982 dans sa ville natale où il a passé l'essentiel de sa vie.
Avec AFP