Selon l’UFC-Que choisir, l’industrie de la culture ne va pas si mal. Et selon une autre étude, les pirates restent les plus gros consommateurs de musique payante. De quoi jeter de l’huile sur le feu avant le vote en France de la loi Hadopi.
Les auteurs de la loi Hadopi ont-ils pris connaissance des dernières études d’une longue série sur le téléchargement illégal ? Si oui, ils n’ont manifestement pas tenu compte de leurs conclusions.
Fin avril, une enquête réalisée pas une école de commerce norvégienne mettait en évidence le rôle d’incitation à l’achat du téléchargement illégal. L’étude établit que les pirates norvégiens entre 15 et 20 ans consomment plus de musique payante que ceux qui restent dans le cadre légal, quel que soit le support.
Les jeunes pirates téléchargent en moyenne 75 MP3 sur des sites payants en 6 mois, contre 7 pour les autres. Soit 10 fois plus. Le professeur adjoint Audun Molde, qui a conduit l’étude, en conclut que "les gens comprennent que la musique protégée par des droits d’auteurs coûte de l’argent".
Quant aux CD, si la baisse des ventes est incontestable, reste que les plus gros acheteurs sont aussi les adeptes du gratuit sur le Net. Toutes classes d’âge confondues, les pirates achètent en moyenne 3,2 CD en six mois, contre 2,9 pour les autres.
Si les jeunes Français se comportent de la même façon, difficile pour les majors de l’industrie de la musique et du film de prétendre que les pirates nuisent à leur chiffre d’affaires.
Le CD, infime source de revenu pour les artistes
La loi Hadopi a pour but, notamment, de lutter contre l’effondrement du marché du disque, qui a encore baissé de 15 % en volume en 2008.
L’association des consommateurs français UFC-Que Choisir dénonce pour sa part "une mauvaise solution à un faux problème", dans un rapport envoyé aux députés il y a quelques semaines.
L’organisme, marqué à gauche, s’appuie sur une étude des sommes d’argent perçue par la Sacem, qui collecte et reverse les droits d’auteur aux artistes. En 2007, la Sacem a touché 759,1 millions d’euros. Un record.
L’UFC-Que choisir explique en effet que le CD n’est qu’une infime source de revenus pour les artistes. Les diffusions radio et télé ainsi que les concerts leur assurent une bonne partie de leur gagne-pain.
"Effet positif" du téléchargement
Voilà qui donnera du grain à moudre aux détracteurs de la loi, qui argueront aussi que le piratage est un moyen de promotion comme un autre pour les spectacles musicaux et les salles de cinéma. D’ailleurs, un autre rapport, daté de 2005, va dans ce sens. Il émane... du ministère de la Culture, qui avait déjà à sa tête un ministre UMP.
" Globalement, la pratique de téléchargement joue négativement pour l’achat, la location et l’emprunt de contenants physiques. L’effet produit est en revanche positif lorsque le contenu n’est pas diffusé par le biais d’un support physique (sortie au cinéma, spectacle musical, écoute de radios musicales)", conclut le rapport.