!["Regrouper les jihadistes dans les prisons, c'est leur donner de l'importance" "Regrouper les jihadistes dans les prisons, c'est leur donner de l'importance"](/data/posts/2022/07/19/1658248870_Regrouper-les-jihadistes-dans-les-prisons-c-est-leur-donner-de-l-importance.jpg)
Depuis trois semaines, les détenus du centre pénitentiaire de Fresnes identifiés comme islamistes radicaux ont été regroupés sur un même étage. Le personnel pénitentiaire est sceptique quant à cette mesure, si elle n'est pas accompagnée de moyens.
Faut-il regrouper les jihadistes dans les prisons ? La question se pose en France depuis que la maison d'arrêt de Fresnes, située dans le sud de Paris, a mis en place cette mesure dite expérimentale. "Les détenus identifiés comme islamistes radicaux ont été regroupés sur un même étage, du même côté de la coursive", a confirmé Yoan Karar, secrétaire local Force ouvrière, le principal syndicat pénitentiaire de Fresnes.
Avec cette nouvelle disposition, la maison d'arrêt, qui a la réputation d'être un établissement aux règles de fonctionnement plus strictes que la moyenne, entend empêcher ses détenus de propager leur idéologie.
"Certains appelaient à la prière collective au cours de la promenade"
Pour le syndicat pénitentiaire, qui a pu constater plusieurs tentatives de prosélytisme dans la maison d'arrêt, la démarche est pertinente. "Certains islamistes radicaux appelaient à la prière collective au cours de la promenade", précise Yoan Karar. Selon lui, "certains détenus, souvent en position de précarité et de faiblesse psychologique, peuvent être réceptifs aux paroles idéalisées des jihadistes qui leur font croire à un quotidien meilleur".
Mais trois semaines après cette nouvelle mesure, le personnel pénitentiaire a déjà pu en constater les premiers méfaits. Vendredi 7 novembre, douze détenus considérés comme radicaux ont refusé de réintégrer leur cellule après une promenade. Huit sont finalement remontés, mais quatre se sont obstinés. L'un d'entre eux s'en est même pris à des surveillants, blessant légèrement deux d'entre eux. Les quatre détenus récalcitrants ont été placés dans le quartier disciplinaire.
Mardi, ce sont douze autres détenus islamistes qui ont encore refusé de réintégrer leur cellule, "bloquant l'établissement pendant une heure et demi", précise Yoan Karar.
Manque de moyens
"Le rapport de force avec cette population qui ne reconnaît aucune autorité a changé, explique Yoan Karar. "Avant, ils étaient plutôt discrets alors qu'aujourd'hui, leurs réactions sont devenues plus virulentes", poursuit-il. "Les isoler, c'est leur donner de l'importance".
Raison pour laquelle le syndicat pénitentiaire regrette que cette mesure ne soit pas accompagnée de "moyens supplémentaires" pour soutenir "un personnel désemparé". Aujourd'hui, un seul surveillant a la charge de cette centaine de détenus regroupés.