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Dix ans après son lancement dans l'espace, la sonde européenne Rosetta va tenter de poser son robot atterrisseur sur une comète. Une mission périlleuse et inédite qui vise à percer l'évolution du système solaire.

Du jamais vu dans l’histoire de la conquête spatiale : la sonde européenne Rosetta, qui navigue depuis 10 ans dans l'espace, va tenter, mercredi 12 novembre, de faire se poser en douceur son petit robot atterrisseur, Philae, à la surface de la peu hospitalière comète Tchourioumov-Guérassimenko.

"Nous avons le feu vert final" pour larguer le robot sur la comète "Tchouri", a annoncé l'Agence spatiale européenne (ESA), depuis le Centre européen d'opérations spatiales (Esoc), à Darmstadt (Allemagne). La séparation entre Rosetta et Philae doit intervenir normalement à 08h35 GMT (09h35 heure locale), mercredi. "En route pour la séparation !", a elle-même annoncé Rosetta sur son compte Twitter. 

Final Go/NOGO complete! I We're GO for separation!!! pic.twitter.com/oYG3NBgdaJ

— ESA Rosetta Mission (@ESA_Rosetta) 12 Novembre 2014

Cette mission d'"archéologie spatiale", entamée en 2004 avec le lancement de Rosetta, cherche à percer l'évolution du système solaire depuis sa naissance, les comètes étant considérées comme des vestiges de la matière primitive. "C’est l’intelligence humaine téléportée dans un endroit très reculé, s’enthousiasme sur le plateau de France 24 Jean-Pierre Clervoy, astronaute à l’ESA. Notre mission est d’explorer des mondes étranges, rechercher des traces de vie et aller avec audace là où nous ne sommes jamais allés."

>> Suivez en direct l'atterrissage du robot Philae sur le site de l'ESA

L'ESA n'a pas choisi la facilité pour cette première dans l'histoire de l'exploration spatiale, comparable pour certains scientifiques aux atterrissages des Viking sur Mars en 1976, "en territoire inconnu".

L'opération a été longuement préparée. Pas moins de trois centres opérationnels sont mobilisés : l'Esoc, le Centre de contrôle de l'atterrisseur du DLR (l'agence spatiale allemande) à Cologne (Allemagne) et le Centre des opérations scientifiques et de la navigation de l'atterrisseur, au Cnes (l'agence spatiale française) à Toulouse (France).

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"C'est l'intelligence humaine téléportée dans un endroit très reculé"

"On ne peut pas piloter en temps réel comme on pilote un drone, explique Jean-Pierre Clervoy. Il a donc fallu programmer à l’avance un auto-pilote. Et tout cela se passe à plus 500 millions de kilomètres de la Terre."

"Au bon moment, à la bonne position, à la bonne altitude"

La mission s’annonce périlleuse. Tout va se jouer en environ sept heures, à 511 millions de km de la Terre. Le largage de Philae, robot laboratoire de 100 kg, doit impérativement avoir lieu "au bon moment, à la bonne position dans l'espace, à la bonne altitude et à la bonne vitesse", a souligné Andrea Accomazzo, directeur de vol de la mission Rosetta à l'Esoc. "La moindre petite erreur se traduirait par une erreur significative sur la position à la surface" de la comète, a-t-il mis en garde.

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Rosetta manœuvrera de telle sorte que la liaison avec Philae puisse être rétablie deux heures environ après le largage. Dès que Rosetta aura "repointé" Philae, il y aura des images toutes les heures durant la descente, prises par les caméras de la sonde.

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La conquête spatiale : des enjeux géopolitiques et économiques

La grande inconnue reste ce qui attend Philae à l'arrivée sur la comète. Car ce n'est pas une belle piste d'atterrissage bien plate qui va l'accueillir, malgré tous les efforts des scientifiques pour trouver le meilleur site possible, le site J, rebaptisé Agilkia.

Agilkia est une zone d'environ 1 km2, située sur le petit lobe du noyau de la comète, sa tête, si on se réfère à sa forme de canard. Elle est truffée de rochers, dont la taille varie entre 50 cm et 50 m. Il y a aussi des pentes supérieures à 30°, la limite théoriquement tolérée par le train d'atterrissage presque tout terrain de Philae.

"Ce petit robot [Philae] est tellement petit que l’apesanteur est très très faible, souligne Jean-Pierre Clervoy. C’est l’équivalent d’une feuille de papier qui se pose. Et s’il n’a pas moyen de se harponner, l’appareil peut rebondir pour toujours."

"Nous savons que tout le monde est sur des charbons ardents, mais le risque en vaut la peine", a déclaré Mark McCaughrean, un des responsables de l'exploration spatiale à l'ESA.

Avec AFP