
Trois jours après des élections menées par les pro-russes dans l'est de l'Ukraine, le président Petro Porochenko a mis à exécution ses menaces de revoir le plan de paix, notamment le statut spécial des régions séparatistes.
Kiev continue de hausser le ton contre les pro-russes de l’est de l’Ukraine. Mercredi 5 novembre, le gouvernement ukrainien a annoncé l'arrêt des financements publics destinés aux régions séparatistes. Le Premier ministre Arseni Iatseniouk a déclaré en Conseil des ministres que l'État ukrainien, confronté à une grave crise économique et dont les caisses sont vides, ne financerait plus ce territoire où les combats avec les insurgés ont fait plus de 4 000 morts depuis le début du conflit en avril.
"Dès que les terroristes russes se seront retirés de Donetsk et de Lougansk et que nous reprendrons le contrôle de ces territoires, nous verserons à chaque habitant les allocations sociales auxquelles il a droit", a-t-il promis. En revanche, l'État ne coupera pas l'eau et le gaz à ces régions pour éviter une "catastrophe humanitaire", a précisé Arseni Iatseniouk, revenant sur la menace brandie auparavant par Kiev.
Kiev se prépare à une offensive des rebelles
Ses déclarations s'inscrivent dans le cadre du durcissement de la politique suivie par le gouvernement annoncée par le président Petro Porochenko après les élections séparatistes uniquement reconnues par la Russie et qui ont, selon Kiev et les Occidentaux, porté un grave coup au processus de paix.
Si le pouvoir central reste attaché au plan de paix, il mettra en place une série de mesures pour se défendre et isoler les territoires aux mains des insurgés, a déclaré Petro Porochenko. À un moment où beaucoup à Kiev craignent une nouvelle offensive des séparatistes, les rebelles ayant ouvertement désigné le port de Marioupol, au bord de la mer d'Azov, comme étant leur prochain objectif, le président a assuré que l'armée s'était préparée à riposter. "Plusieurs nouvelles unités et groupes ont été formés, ce qui permettra dès maintenant de contrer une éventuelle offensive", a-t-il dit.
Kiev revoit ses engagements de paix
Kiev va aussi supprimer la loi sur le "statut spécial" de la zone contrôlée par les rebelles qui leur promettait une large autonomie et autorisait notamment la formation de "milices populaires". Après avoir, dans un premier temps, relativisé l'importance de cette mesure, les séparatistes ont fini par hausser le ton mercredi, accusant Kiev de "porter un préjudice grave" au processus de paix, dans une déclaration commune des autorités autoproclamées de Donetsk et de Lougansk.
À Donetsk, principal fief des insurgés, une rencontre entre des représentants des Ukrainiens, des rebelles, des Russes et de l'OSCE a eu lieu mercredi pour tenter de sauver le fragile cessez-le-feu, dont l'instauration il y a deux mois n'a permis qu'une baisse d'intensité des combats, tandis que le bilan des morts parmi les militaires et les civils continue de s'alourdir presque quotidiennement. Le chef adjoint de la mission d'observation de l'OSCE en Ukraine, Alexander Hug, a exprimé un prudent "optimisme" après cette rencontre sans toutefois pouvoir faire état de progrès concrets en matière vers la paix.
Avec AFP