
Dans une tribune publiée dans plusieurs journaux, le chef de la diplomatie française tire la sonnette d’alarme sur le sort d’Alep, deuxième ville de Syrie, où quelque 300 000 personnes sont menacées par les offensives du régime et celles de l'EI.
Après Kobané, la coalition internationale engagée en Irak et en Syrie doit désormais tourner ses efforts vers la ville d'Alep, tenue par les rebelles syriens modérés et menacée à la fois par les offensives des forces loyales à Bachar al-Assad et par celles de l'organisation de l'État islamique (EI), estime Laurent Fabius.
Dans une tribune publiée sur le "Washington Post" et le journal panarabe "Al Hayat" mardi, le ministre français des Affaires étrangères alerte sur le sort de ce "bastion" de l'opposition syrienne, presque totalement encerclé.
"Abandonner Alep, ce serait condamner la Syrie à des années de violences. Ce serait la mort de toute perspective politique. Ce serait la fragmentation d'un pays livré à des 'seigneurs' de guerre de plus en plus radicalisés", estime le ministre français. "Ce serait l'exportation du chaos intérieur de la Syrie vers ses voisins irakiens, libanais, jordaniens, déjà si fragiles. Et que personne ne se méprenne : Bachar al-Assad, 'seigneur de guerre' parmi tant d'autres, ne les vaincra pas plus qu'il n'est capable aujourd'hui de vaincre Daech [autre dénomination de l'EI, NDLR]".
300 000 hommes, femmes et enfants condamnés
Sans préciser concrètement comment la France pourrait apporter son soutien à Alep, le chef de la diplomatie française rappelle qu'abandonner la deuxième ville de Syrie "serait condamner 300 000 hommes, femmes et enfants, à une alternative terrible : siège meurtrier sous les bombes du régime ou barbarie des terroristes de Daech". Tandis que les États-Unis poursuivent leur campagne de frappes aériennes en Syrie, le régime de Bachar al Assad profite de cette diversion pour intensifier sa lutte contre des groupes rebelles dans l'ouest et le nord du pays, y compris autour d'Alep.
"C'est pourquoi, avec nos partenaires de la coalition, nous devons porter nos efforts sur Alep. Avec deux objectifs clairs : renforcer notre soutien à l'opposition modérée syrienne et protéger la population civile des crimes jumeaux du régime et de Daech", affirme-t-il.
Ces déclarations de Laurent Fabius interviennent trois jours après la visite du président turc Recep Tayyip Erdogan à Paris où il a rencontré François Hollande. Lors de cette rencontre, le chef d'État turc a cherché à s'attirer le soutien de la France dans ses appels en faveur d'une lutte à la fois contre Assad et contre l'EI.
Paris, qui participe aux opérations en Irak mais a refusé de s'engager en Syrie, a offert une assistance militaire et armée aux peshmerga irakiens. La France a également annoncé une assistance militaire et une formation à ce qui reste de l'Armée syrienne libre (ASL) sans fournir de détails sur cette aide.
Avec Reuters