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Après les élections séparatistes, Kiev menace de revoir le plan de paix

Au lendemain des élections menées par les pro-russes dans l'est de l'Ukraine, le président Petro Porochenko a affirmé qu'il allait revoir ses engagements de paix, en mettant fin notamment au statut spécial des régions séparatistes.

L'Ukraine va revoir ses engagements de paix après les élections séparatistes de dimanche dans l'Est pro-russe, a déclaré, lundi 3 novembre, le président Petro Porochenko sur fond de craintes d'une nouvelle offensive militaire.

Dans un discours à la nation, le président a expliqué que Kiev allait "revoir son plan d'action" après le vote qui a constitué "une violation grossière" du protocole de Minsk conclu le 5 septembre entre l'Ukraine et les séparatistes avec la participation de la Russie et de l'OSCE.

Le conseil de sécurité nationale et de défense se réunira mardi pour aborder notamment la suppression de la loi sur le "statut spécial" des régions séparatistes. Approuvée en septembre, ce statut leur donnait pour trois ans une large autonomie avec la possibilité de créer des "milices populaires", et garantissait l'amnistie à une partie des combattants, a annoncé Petro Porochenko.

L'adoption de ce texte avait été largement interprétée comme une "capitulation" des autorités ukrainiennes après une série d'échecs militaires face à l'offensive des rebelles soutenus, selon Kiev et l'Occident, par des troupes régulières russes.

Pour le président, le texte qui "jouait un rôle important pour stopper l'agression extérieure" et montrer la volonté de l'Ukraine en vue d'une désescalade n'a plus de sens après son rejet par les rebelles.

Intégrité territoriale menacée

Sur le terrain, les bombardements ont repris lundi à Donetsk après une accalmie relative dimanche près de l'aéroport de Donetsk, théâtre de vifs combats depuis des mois, selon des journalistes de l'AFP. De longues colonnes de fumée noire s'élèvent de plusieurs endroits autour de l'aéroport et deux incendies étaient visibles.

Alors que l'Union européenne a dénoncé un "nouvel obstacle" sur la voie d'un règlement pacifique, Berlin n'a pas exclu de nouvelles sanctions européennes contre la Russie, déjà lourdement frappée.

Le président français François Hollande a, de son côté, appelé lundi son homologue russe Vladimir Poutine à ne pas reconnaître les élections séparatistes "qui pourraient mettre en cause l'intégrité territoriale" de l'Ukraine.

Six mois après le début du conflit ayant fait plus de 4 000 morts, les républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk ont élu dimanche leurs "présidents" et leurs "parlements".

Vers une offensive russe ?

Défiant les avertissements des Occidentaux, la Russie a déclaré "respecter" le choix du peuple et appelé Kiev à "renoncer aux opérations militaires" dans l'Est, estimant que les dirigeants rebelles élus avaient désormais la légitimité nécessaire pour dialoguer avec les autorités ukrainiennes.

Nombreux sont ceux qui, à Kiev, craignent désormais une nouvelle offensive majeure des rebelles visant notamment à créer un couloir terrestre vers la Crimée. "Le plus grand risque est qu'ils déclenchent une offensive", a déclaré à l'AFP une source diplomatique ukrainienne haut placée, résumant les craintes de bon nombre d'observateurs et de médias.

"Beaucoup dépend d'un accord entre Kiev et Moscou sur l'approvisionnement de la Crimée", a estimé un haut responsable ukrainien chargé de la sécurité, sous le couvert de l'anonymat. "S'il existe, il n'y aura pas d'offensive majeure d'ici au printemps. Mais s'il n'est pas trouvé, les Russes n'auront pas d'autres options" que d'attaquer, a-t-il assuré.

Kiev affirme observer depuis deux jours le déploiement "intense" d'équipements et de troupes russes dans la zone contrôlée par les rebelles. Des journalistes ukrainiens et occidentaux ont également diffusé ce weekend des images de plusieurs dizaines de camions militaires sans plaque d'immatriculation, présentés comme une "colonne russe dans les rues de Donetsk".

Avec AFP