La France a mis en place de nouvelles mesures pour éviter la propagation du virus Ebola. Samedi, tous les passagers du vol entre Conakry et Paris ont subi un contrôle de température à leur descente de l'appareil, à l'aéroport de Roissy.
"Nous étions sur la passerelle en file indienne, des médecins prenaient notre température à distance. On est agréablement surpris, c'est allé très vite". Souhaib Bangoura, 35 ans, de retour de Guinée, fait partie des premières personnes à subir un contrôle sanitaire renforcé, une procédure nouvellement mise en place à l'arrivée des vols en provenance des pays touchés par le virus Ebola.
À peine descendus d'avion, les 150 à 200 passagers du vol Conakry-Paris ont été accueillis, samedi 18 octobre, avec des thermomètres laser pour détecter d'éventuels cas de fièvre. Il s'agit de la mesure la plus spectaculaire prise par le gouvernement pour prévenir l'éventuelle propagation, en France, du virus Ebola. Une "sécurité supplémentaire", avait indiqué vendredi la ministre de la Santé, Marisol Touraine.
Le gouvernement a annoncé vendredi un renforcement de son dispositif de lutte contre le virus, au lendemain d'une nouvelle alerte provoquée par l'admission, jeudi, pour "fièvre suspecte" d'une infirmière française ayant traité, en septembre, une volontaire de MSF atteinte d'Ebola. "Il n'y a pour l'heure aucun cas confirmé", a tenu à rassurer Matignon, alors que les premiers tests se "sont révélés négatifs" pour cette soignante selon une source proche du dossier.
"La population française commence à avoir peur, c'est normal de les rassurer", commente Ibrahima Sylla, ancien diplomate venu rendre visite à sa famille en France, qui retournera en Guinée dans dix jours "sans inquiétude".
"Les gens ont plus peur d'Ebola en France qu'en Guinée"
"Je flippais beaucoup avant de partir, mais sur place j'étais rassuré car les gens prennent la mesure de l'épidémie", poursuit Souhaib Bangoura. "Sur place j'ai pris toutes les mesures nécessaires pour que tout se passe bien, je prenais ma température avant d'entrer dans un bureau et je me lavais les mains avec une solution chlorée."
"En Guinée, les gens sont normaux, Ebola occupe les conversations, mais la vie est normale", affirme Barry Abdoulaye, 30 ans, avec en mains un flacon de solution hydro-alcoolique qui lui a été remis à son arrivée en France. "J'ai réduit mon séjour, vu tout ce que les médias internationaux commençaient à dire, je devais rentrer en France le 20 octobre."
"Les gens ont plus peur d'Ebola en France qu'en Guinée", assure Sow Souleymane expliquant avoir passé quatre contrôles sanitaires à son départ de Conakry.
Le dépistage à l'arrivée, déjà en vigueur au Royaume-Uni et dans plusieurs aéroports américains, est uniquement mis en place sur ce vol en provenance de Conakry, seule liaison directe entre la France et l'un des pays touchés par le virus, qui a fait à ce jour 4 555 morts sur 9 216 cas enregistrés dans sept pays, selon l'OMS.
Vendredi soir, des syndicats d'hôtesses et de stewards d'Air France ont toutefois réclamé la fermeture de la desserte de Conakry, exprimant leur crainte d'un "risque grave de propagation de l'épidémie". Fin août la compagnie avait suspendu ses vols vers la capitale de la Sierra Leone, Freetown, après de précédentes protestations syndicales.
"Il n'y a pas de solution miracle, il faut multiplier les mesures", avait précédemment reconnu Marisol Touraine, tandis que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a également relativisé, jeudi, l'efficacité de ces contrôles, mettant en garde contre "un faux sentiment de sécurité".
Avec AFP