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Des centaines de policiers sont intervenus vendredi pour déloger les manifestants pro-démocratie du quartier de Mong Kok, partie continentale de Hong Kong, et ce au risque de compromettre le retour au dialogue prôné par le gouvernement local.

Ils ont surpris les manifestants dans leur sommeil. Quelque 800 policiers ont démantelé à l’aube, vendredi 17 octobre, les barricades de Mong Kok, un quartier densément peuplé, sur la partie continentale de Hong Kong. Cette fois-ci, les forces de l’ordre n’ont pas voulu aller à la confrontation avec les étudiants. Ils ont surpris les protestataires qui dormaient encore à l'heure de l'intervention et n’ont donc rencontré aucune résistance.

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Lors des précédents démantèlements à Admiralty, près du siège du pouvoir, et à Causeway Bay, quartier commerçant de Hong Kong, la police s’était violemment opposée aux militants pro-démocratie. La vidéo d’un étudiant passé à tabac, mercredi, par des policiers avait mis le feu aux poudres et ravivé les tensions entre les autorités chinoises et les manifestants. Les policiers, soupçonnés de bavures, semblent donc avoir misé sur une autre stratégie. Pourtant, la veille, le chef de l'exécutif local, Leung Chun-ying, avait entrouvert la porte des discussions une semaine après que son gouvernement eut annulé un premier rendez-vous avec les contestataires.

"Rendre à la population un droit de passage"

À Mong Kok, lors de l’intervention, la police a été accueillie sous les vivats des riverains, ravis de pouvoir à nouveau circuler librement dans leur quartier. "Comme je suis heureuse ! Les routes sont faites pour les voitures. Nous devons travailler", s'est réjouie Wong, une quinquagénaire employée de ménage.

"Ils occupaient tout ce secteur depuis près de trois semaines, nous avons donc décidé qu'il était temps de rendre à la population un droit de passage, de rendre les rues à la circulation et de rétablir l'accès des piétons", a expliqué le superintendant Barry Smith, un des officiers britanniques qui assument encore des fonctions hiérarchiques dans la police de Hong Kong, héritage de l'époque coloniale.

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De leur côté, les manifestants sont furieux et ont décidé de rompre le dialogue – déjà très fragile – avec les autorités de Pékin. "L'évacuation méprisable ordonnée par le gouvernement de Hong Kong va susciter une nouvelle vague de manifestations citoyennes", a réagi l'animateur de radio Wong Yueng-tat, un des activistes en pointe dans le mouvement, présent sur les lieux. "Nous avons appelé les manifestants à poursuivre cette stratégie de 'protestation flottante' pour garder les rues", a-t-il ajouté.

Rupture de dialogue

"Beaucoup se sentent déçus", indique Étienne Lamy Smith, le correspondant de France 24 sur place. "Ils se sentent trahis par le gouvernement de Pékin [qui envoie les policiers] le lendemain d'un accord de principe sur l'instauration d'un dialogue avec les manifestants", ajoute-t-il.

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Les sites des militants se réduisent comme peau de chagrin, mais les protestataires pro-démocratie ne comptent pas baisser les bras. À chaque démantèlement, les occupants délogés se remobilisent ailleurs, ou rejoignent Admiralty, le point névralgique de la contestation, où des barricades sont toujours érigées. D'autres se sont établis sur Nathan Road, la grande avenue commerçante qui descend vers le sud et le port. "Mong Kok était considéré comme un site secondaire. De nombreux étudiants de la contestation voulaient que les manifestants abandonnent ce site pour venir renforcer celui d'Admiralty", ajoute Étienne Lamy Smith.

Les frondeurs, qui occupent plusieurs sites de la ville depuis plus de deux semaines, exigent de pouvoir librement élire le prochain chef de l'exécutif hongkongais en 2017, alors que le Parti communiste chinois (PCC) entend procéder à la supervision des candidats.

Avec AFP