
En marge d'un sommet Europe-Asie à Milan, le président russe Vladimir Poutine a rencontré son homologue ukrainien Petro Porochenko sur la situation en Ukraine. Les dirigeants européens, présents pendant l'entretien, se disent optimistes.
Troisième rencontre pour un conflit. Les présidents russe et ukrainien, Vladimir Poutine et Petro Porochenko, se sont entretenus, ce vendredi 17 octobre au matin à Milan, en marge de la dixième édition de l’Asem, forum économique entre l’Europe et l’Asie.
Les dirigeants européens, qui ont assisté à la rencontre - notamment le président François Hollande, la chancelière allemande Angela Merkel, le Premier ministre britannique David Cameron, le chef du gouvernement italien Matteo Renzi - en sont ressortis plutôt optimistes.
Matteo Renzi s'est dit "vraiment positif", soulignant toutefois les "nombreuses divergences" existant encore entre Russes, Ukrainiens et Européens. Même son de cloche pour le Premier ministre britannique David Cameron, qui a précisé que Poutine avait indiqué qu'il ne voulait pas d'un "conflit permanent" et d'une "Ukraine divisée". Il appartient maintenant au président russe de faire la preuve de ce qu'il dit, a-t-il affirmé.
Aux origines du conflit avec l'Ukraine
À son arrivée à son hôtel de Milan jeudi soir, Petro Porochenko avait déclaré n'attendre qu'une seule chose de sa rencontre avec son homologue russe: "la paix et la stabilité". La Russie a dit de son côté vouloir discuter des origines du conflit ainsi que des perspectives de paix. Sur toutes les lèvres, la paix reste l'Arlésienne.
La dernière rencontre entre les deux hommes, qui avait eu lieu à Minsk, en Biélorussie le 26 août dernier, s'était tout aussi bien passée ; les deux hommes en étaient déjà ressortis plein d'allant et d'optimisme, annonçant la mise en place d'un plan de paix. Mais dès le lendemain, la Russie envoyait ses troupes en Ukraine et imposait une défaite cuisante aux troupes ukrainiennes à Ilovaïsk. Le cessez-le-feu conclu en septembre n'a pas su mettre un terme aux combats entre séparatistes pro-russes et forces ukrainiennes qui se poursuivent dans l’est de l’Ukraine. Difficile de savoir si les paroles déboucheront cette fois sur des actes.
"Le cessez-le feu est violé tous les jours mais ni l’Ukraine ni la Russie ne reconnaissent leur responsabilité. L’ukraine accuse les séparatistes pro-russes et Moscou nie toute implication", explique Gulliver Cragg, correspondant de France 24 à Kiev, qui s'interroge sur l'état d'esprit de Vladimir Poutine.
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À quel jeu joue Poutine ?
Arrivé en retard au dîner organisé à Milan jeudi soir, Poutine semble continuer à jouer la carte de la provocation ou du moins de l'ambiguïté. "On peut se demander quel jeu joue Poutine cette fois, s'il est d'humeur à se faire passer pour un homme de paix. Il semble toujours tester les limites de l'acceptable, cherchant à voir jusqu’où il peut aller en offensant l’Occident", poursuit Gulliver Cragg.
L'inadéquation entre les efforts diplomatiques et la réalité sur le terrain a été l'objet d'une rencontre bilatérale entre Vladimir Poutine et la chancelière allemand, à Milan, jeudi soir. "Au cours de cet entretien prolongé et détaillé, M. Poutine et Mme Merkel ont vérifié de façon minutieuse la mise en œuvre des accords signés à Minsk" le 5 septembre, a précisé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Les discussions ont porté sur le manque de progrès réalisés dans l'application des accords de Minsk, s'est borné de son côté à déclarer un porte-parole gouvernemental allemand. Malgré l'optimisme affiché, les Européens restent sur leur garde quant à l'issue concrète de ces entretiens. Le président russe a bien annoncé un début de retrait des troupes déployées le long de la frontière ukrainienne, mais l'Otan n'a pas constaté "de mouvements majeurs et significatifs" après cette annonce du Kremlin.
Vladimir Poutine jette un froid sur la question du gaz
Vladimir Poutine a par ailleurs jeté un froid jeudi en menaçant les Européens de couper le robinet du gaz. Le président russe a mis en garde contre de "grands risques" de perturbations des livraisons de gaz cet hiver, faute d'accord dans le conflit gazier entre la Russie et l'Ukraine. "Il n'y aura aucune crise causée par des responsables russes de la coopération avec l'Europe (...) mais de grands risques sur le transit existent", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Belgrade.
La question sera surtout approfondie lors d'une rencontre entre Gazprom et Naftogaz, prévue lundi prochain à Berlin. Puis mardi, lors de négociations à Bruxelles avec les Européens.
Avec AFP