Ces deux derniers jours, les heurts entre forces de l’ordre et manifestants pro-démocratie ont été particulièrement violents. Une enquête a été ouverte après la diffusion d’une vidéo montrant des officiers rouer de coups un jeune protestataire.
Pour la deuxième journée d’affilée, jeudi 16 octobre, les policiers de Hong Kong ont fait usage de la force pour déloger les militants pro-démocratie des sites occupés du centre-ville. Cette fois-ci, les heurts ont éclaté sur Lung Wo Road, une artère située à proximité immédiate des bureaux de Leung Chun-ying, le chef de l'exécutif local dont le mouvement Occupy Central exige la démission. Pour disperser la foule, les forces de l’ordre ont, encore une fois, eu recours à des tirs de gaz au poivre et de gaz lacrymogène. Le calme n'est revenu que dans la matinée.
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Ces démonstrations de force passent de plus en plus mal auprès des militants excédés par les dérives policières. Des centaines de protestataires se sont également rassemblés devant le siège de la police, dans le quartier de Wan Chai, pour dénoncer ces brutalités. Ils réclament surtout que toute la lumière soit faite sur le passage à tabac d’un manifestant, la veille.
Mercredi, un jeune militant, Ken Tsang Kin-Chiu, a en effet été roué de coups par six policiers dans un coin sombre d’un parc dans le quartier d’Admiralty, le cœur de la contestation. La scène a été filmée et tourne, depuis, en boucle sur les réseaux sociaux. On y voit un homme allongé être frappé à coups de poing et de pied pendant quatre minutes. " [Alors que le mouvement commençait à s'essoufler] cette vidéo a remobilisé de nombreux manifestants", a indiqué Étienne Lamy Smith, le correspondant de France 24, sur place.
Le passage à tabac d'un jeune manifestant (les images peuvent choquées)
"Enquête complète"
La police est, depuis, sous le feu des critiques. Les États-Unis ont réclamé mercredi aux autorités de Hong Kong une "enquête complète" sur cet incident. "Nous renouvelons notre appel au gouvernement de Hong Kong pour qu'il fasse montre de retenue et aux manifestants pour qu'ils continuent d'exprimer leurs opinions de manière pacifique", a insisté Jennifer Psaki la porte-parole du département d'État américain, lisant un communiqué lors de son point de presse quotidien.
À l'adresse de la Chine, mais sans la citer, la porte-parole de la diplomatie américaine a loué "la tradition bien ancrée à Hong Kong d'État de droit et des libertés fondamentales reconnues internationalement".
Le ministre hongkongais de la Justice, Rimsky Yuen, a garanti, de son côté, l'impartialité des poursuites judiciaires à l'encontre des policiers impliqués. Rimsky Yuen a affirmé ne pas avoir vu les images des violences policières mais a indiqué que plusieurs recours en justice avaient été déposés par la victime présumée.
"À Hong Kong, il y a des procédures bien établies pour traiter les plaintes contre la police", a-t-il déclaré. Selon lui, la victime présumée pouvait avoir recours à un organisme qui supervise les plaintes à l'encontre de la police. "Je peux garantir que s'il y a besoin d'aller dans ce sens, mon ministère se chargera de la question d'une manière indépendante et impartiale", a-t-il ajouté.
Les frondeurs, qui occupent plusieurs sites de la ville depuis plus de deux semaines, exigent de pouvoir librement élire le prochain chef de l'exécutif hongkongais en 2017, alors que le Parti communiste chinois (PCC) entend procéder à la supervision des candidats.
Avec AFP et Reuters