Les tensions sont remontées d'un cran dans la nuit de mardi à mercredi quand la police de Hong Kong a décidé de procéder au démantèlement de camps pro-démocratie à Admiralty, près du siège du gouvernement et à Causeway Bay, le quartier commerçant.
Parapluies contre matraques. De violents heurts ont opposé, dans la nuit du mardi 14 au mercredi 15 octobre, les policiers de Hong Kong, armés de casques et de boucliers, aux militants pro-démocratie, qui avaient déployé leurs parapluies - devenu l’emblème de leur mouvement. Depuis deux jours, les forces de l’ordre sont passées à l’offensive pour reprendre le contrôle des sites occupés par les manifestants dans le quartier commerçant de Causeway Bay et dans le secteur d'Admiralty, principal foyer de la contestation à Hong Kong, près du siège du pouvoir et du quartier des affaires.
Cette nuit, les forces de l’ordre ont procédé à des dizaines d’arrestations, dont huit femmes, près du tunnel routier de Lung Wo Road, une voie de circulation traversant le quartier d'Admiralty. C’est là que les heurts ont démarré. De nombreux étudiants ont témoigné dans la foulée de la violence des policiers. Ben Ng, un étudiant de 18 ans, se trouvait près d'une barricade nouvellement érigée lorsque les policiers ont avancé. "Ils ont utilisé du spray au poivre sans raison ni avertissement. Des manifestants ont été frappés par des policiers", a-t-il raconté.
Daniel Cheung, journaliste d'un portail d'information en ligne, affirme avoir été passé à tabac par des policiers. "Ils étaient plus de dix. Ils m'ont donné coups-de-poing, de pied et de coude. Je leur ai dit que j'étais journaliste mais ils ne m'ont pas écouté", a-t-il raconté à l'AFP. D’autres affrontements ont également opposé des manifestants à des hommes masqués soupçonnés d’appartenir aux triades (mafia locale), et accusés par le mouvement pro-démocratie d'agir à l'instigation des autorités.
Morning scene on #Tamar Park. Protesters now sitting in after overnight clashes with police. #UmbrellaRevolution pic.twitter.com/HeITSWYBxk
— Paul Devitt (@cameramanCNN) 14 Octobre 2014Des policiers suspendus pour violences
Aux premières lueurs du jour, mercredi, les forces de l'ordre ont finalement annoncé avoir repris le contrôle de Lung Wo Road, une route proche du siège du chef de l'exécutif hongkongais, Leung Chun-ying. Mais pas sans conséquences : plusieurs agents des forces de l’ordre ont été suspendus après avoir passé à tabac un militant pro-démocratie. Des images diffusées par la télévision locale, montrent en effet six policiers en train de traîner un manifestant menotté dans un coin sombre d’un parc dans le quartier d’Admiralty. L’homme allongé se fait frapper à coups de poings et de pieds pendant 4 minutes.
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Depuis le 28 septembre, ces manifestants, dont une majorité d'étudiants, occupent plusieurs quartiers et artères stratégiques de l'ancienne colonie britannique, plongée dans sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997. Ils exigent de pouvoir librement élire le prochain chef de l'exécutif hongkongais en 2017, alors que le Parti communiste chinois (PCC) entend au contraire garder la mainmise sur le processus électoral.
Les frondeurs du "mouvement des parapluies" se sont d'abord attirés la sympathie du public mais les embouteillages, la congestion des transports en commun, la fermeture des écoles et des commerces ont fini par lasser et exaspérer les habitants de l’ancienne colonie britannique. La police a averti que ce serait bientôt au tour de Mongkok, dans la partie continentale de Hong Kong, d'être visé par les opérations de démantèlement.
Avec AFP et Reuters