avec Fatma Kizilboga, envoyée spéciale de France 24 à la frontière turco-syrienne. – Les Turcs ferment les yeux sur le transfert des corps des combattants kurdes, morts au combat en Syrie et enterrés en Turquie. De l'autre côté de la frontière, l'EI continue sa progression à Kobané malgré les frappes de la coalition.
À Kobané, prise d’assaut par les hommes de l’organisation de l’État islamique, les combats n'ont pas cessé depuis un mois. Malgré les avancées des jihadistes, qui se sont emparés de près de 50 % de la ville, les combattants kurdes continuent de protéger leur terre avec acharnement. Au prix de leur vie.
Enfants martyrs de la cause kurde, leurs corps sont transférés en Turquie où leurs frères kurdes, réfugiés de Kobané, leur rendent les derniers hommages. Les soldats turcs, postés près de leurs chars passivement stationnés à la frontière, ferment les yeux. "Ces martyrs sont morts en protégeant nos maisons, nos terres, nos familles. Ils sont ce que nous avons de plus précieux au monde, et c’est pour cela qu’ils méritent d’être enterrés avec des applaudissements et des chants", explique Feyda Abdi, réfugiée originaire de Kobané.
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Les tombes numérotées sont provisoires. Les dépouilles ne doivent pas rester en Turquie mais retourner, un jour, reposer sur leur terre de Kobané. "Ces martyrs sont des enfants de Kobané, morts dans la souffrance. Ils sont morts pour leur liberté. Nous les avons enterrés avec leurs cercueils pour qu’ils puissent retourner là où il se doit : à Kobané, quand elle sera libérée", explique Aftar Medeni, un activiste kurde. En attendant, les pierres tombales kurdes se multiplient dans les cimetières turcs et les combats se poursuivent avec acharnement de l’autre côté de la frontière.
Les jihadistes sur le front nord de Kobané
Les raids menés quotidiennement depuis plus d’une dizaine de jours par les Américains et leurs alliés ralentissent l'avancée des jihadistes. L'armée américaine a annoncé que les 21 frappes menées lundi et mardi avaient "freiné la progression de l'EI", en l'empêchant "de se réapprovisionner et de masser des combattants dans les quartiers encore tenus par les forces kurdes". Mais, ce n’est pas suffisant.
"Selon des responsables du parti pro-kurdes de Turquie, les frappes de la coalition ont un impact non négligeable mais ce n’est pas suffisant. Les jihadistes ont su adapter leur tactique, ils ne se déplacent plus en groupe, donc en terme de pertes humaines, le bilan reste très faibles", estime Fatma Kizilboga, envoyée spéciale de France 24 à la frontière turco-syrienne.
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" Les frappes de la coalition visent plutôt des objectifs militaires et notamment des caches d’armes", poursuit-elle, précisant que les jihadistes reçoivent régulièrement des armes en armes de Raqqa, QG de l’EI en Syrie. Les jihadistes, qui se sont emparés de près de 50 % de Kobané, ont ainsi atteint pour la première fois le centre de Kobané, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Les Kurdes ne contrôlent plus que des quartiers de l'ouest, un quartier Nord et une partie du centre-ville, et tentent de reprendre pied dans les quartiers Est, pris par les combattants de l'EI.
Depuis le début le 16 septembre de l'offensive jihadiste pour prendre Kobané, près de 600 personnes, en majorité des combattants, ont péri selon l'OSDH, et quelque 70 villages sont tombés aux mains de l'EI. En outre plus de 300 000 habitants ont fui, dont plus de 200 000 en Turquie et des milliers en Irak.
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