Il y a six mois exactement, 276 lycéennes étaient enlevées par le groupe islamiste Boko Haram à Chibok, dans le nord-est du Nigeria. Malgré l’indignation internationale, 219 sont toujours portées disparues.
Elles sont encore 219 jeunes filles, entre 12 et 17 ans, entre les mains du groupe islamiste Boko Haram. En mai dernier, le chef du mouvement fanatique, Abubakar Shekau, avait revendiqué l’enlèvement de 276 adolescentes nigérianes, kidnappées par des hommes armés dans leur lycée de Chibok, dans le nord-est du Nigeria, le 14 avril. Toutes avaient été emmenées dans l'épaisse forêt de Sambisa, à bord de camions, mais plusieurs d'entre elles avaient réussi à s’échapper dans les jours suivants. Aujourd'hui, elles sont encore 219 à être portées disparues.
Pour ne pas les oublier, une manifestation est organisée mardi 14 octobre, à Abuja. Quelques centaines de membres du mouvement "Bring back our girls" ("Ramenez-nous nos filles"), né en avril en soutien aux otages, ont prévu de marcher jusqu'à la résidence du président Goodluck Jonathan, dans la capitale nigériane, dans l'espoir qu'une audience leur sera accordée. Plusieurs autres événements ont été organisés la semaine dernière.
À l’époque, le kidnapping de ces jeunes filles avait provoqué une forte indignation internationale, mais peu à peu les médias du monde s'étaient détournés du sujet. Les pays étrangers qui avaient proposé leur aide logistique au Nigeria ont commencé à se plaindre du manque de progression des recherches.
Il est vrai que les investigations se sont révélées infructueuses. En mai denier, le chef d'état-major de l'armée nigériane, Alex Badeh, avait affirmé avoir localisé les jeunes filles, mais il refusait de lancer une opération d’envergure craignant qu’une intervention musclée ne mette la vie des adolescentes en danger. Depuis ces déclarations, toutes les négociations menées dans l'ombre avec les islamistes semblent être au point mort.
L’attente insurmontable des familles de victimes
Pour les parents des victimes, ces six derniers mois furent synonymes de montagnes russes émotionnelles, avec des phases d'espoir et de longues périodes d'agonie, raconte Enoch Mark, le chef du conseil des anciens de Chibok, dont la fille et la nièce font partie des captives.
"Au début, nous étions très optimistes, nous pensions que nos filles allaient être retrouvées et sauvées en quelques jours (...) mais cet espoir a diminué de jour en jour" a-t-il déclaré à l'AFP. "À un certain moment, nous avons même envisagé des rites funéraires pour les filles, selon nos traditions", a-t-il poursuivi.
"Mais la découverte, le mois dernier à Mubi, d'une jeune fille qui avait été kidnappée en janvier par Boko Haram, nous a redonné l'espoir que nos filles aussi allaient être retrouvées". "Si cette fille a pu retrouver la liberté au bout de neuf mois (...) nous ne perdons pas espoir que nos filles soient libérées un jour", cela "nous a redonné espoir et patience" et "nous sommes prêts à attendre six ans, même, que nos filles reviennent parmi nous" a ajouté Enoch Mark.
Pour les parents de Chibok, ce furent "six mois de douleur, de peine, d'angoisse et de stress" estime encore une maman, sous couvert d'anonymat. "Nous demandons au gouvernement de redoubler d'efforts pour retrouver et sauver les filles" a-t-elle déclaré, estimant que les autorités nigérianes, très critiquées pour leur inaction dans les semaines suivant le kidnapping, ont "une marge de progression". "Je ne perds pas espoir de pouvoir serrer un jour ma fille dans mes bras".
Avec AFP