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Assurance chômage : Macron rappelé à l'ordre par des cadres socialistes

La sortie du ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, au sujet d’une réforme de l’assurance chômage a été fraîchement accueillie par des ténors socialistes, qui ont appelé l’ex-banquier à ne pas rouvrir un débat clos par François Hollande.

Le patron du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, n’a pas pris de gants pour recadrer le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, coupable à ses yeux d’avoir outrepassé la parole présidentielle en déclarant au "Journal du Dimanche" que la réforme de l’assurance chômage était "insuffisante".

"La gauche n'a pas de tabous, mais elle a quelques totems, en particulier le fait que quand le président de la République s'exprime, les ministres appliquent", a déclaré, dimanche 12 octobre, le premier secrétaire du PS devant la presse à son arrivée du conseil national du parti à Paris.

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Il répliquait ainsi à M. Macron qui, dans le "JDD", a jugé qu'il ne devait "pas y avoir de tabou ni de posture" sur l'assurance chômage, en plein débat à gauche sur l'opportunité de débattre du montant et de la durée des allocations.

"L'assurance chômage est en déficit de 4 milliards d'euros", argumente le ministre. "Quel responsable politique peut s'en satisfaire ? Il y a eu une réforme, elle est insuffisante. On ne pourra pas en rester là. C'est aux partenaires sociaux qu'il appartient de faire avancer les choses".

Cette forte prise de position intervient trois jours après une déclaration de François Hollande assurant à Milan, à propos d'une réforme de l'assurance chômage, qu'il y a "suffisamment de sujets pour que nous soyons bien occupés et que nous montrions que nous faisons des réformes utiles à l'emploi".

Fébrilité devant le virage libéral du gouvernement

La nervosité des cadres du PS est palpable depuis le tournant libéral assumé par le gouvernement du Premier ministre Manuel Valls, suite à l’éjection de l’ancien ministre de l’Économie, Arnaud Montebourg. Ancien banquier d’affaires chez Rothschild, Emmanuel Macron incarne l’infléchissement de la politique économique française.

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Cette clarification de la ligne gouvernementale a accentué les lignes de fracture au sein du PS, où de nombreux représentants ont peur de perdre encore davantage d’électeurs issus des classes populaires du fait de ces réformes présentées comme autant de "cadeaux aux patrons".

La présidente du Front national (FN), Marine Le Pen, s’est aussitôt engouffrée dans la brèche en accusant Macron de défendre "l'intérêt des banques" qui est contraire, selon elle, "aux intérêts des peuples".

La passe d’armes entre le patron du PS et le ministre de l’Économie survient quelques semaines après une intervention controversée du ministre du Travail, François Rebsamen, qui avait parlé de "constat d’échec" du régime d’assurance chômage et évoqué un renforcement du contrôle des chômeurs.

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Avec AFP et Reuters