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À la frontière syro-turque, la ville kurde de Kobané tente de résister à l'avancée des jihadistes de l'organisation de l'État islamique. Une tâche difficile, malgré l'intensification des frappes de la coalition menée par Washington.

Assiégée, mais pas vaincue. La ville syrienne de Kobané continue, jeudi 9 octobre, de résister aux jihadistes de l’organisation de l’État islamique (EI) et reste sous le contrôle des combattants kurdes.

"Les milices kurdes contrôlent encore la majeure partie de la ville et résistent face au groupe EI", a assuré, mercredi soir, dans un communiqué inhabituel le commandement américain chargé du Moyen-Orient et de l'Asie centrale (Centcom).

Mais leur résistance est mise à rude épreuve. Dans la nuit de mercredi à jeudi, les jihadistes de l'EI ont lancé un nouvel assaut contre la ville syrienne de Kobané. Ils ont pénétré dans deux quartiers avec des armes lourdes, notamment des chars, en dépit des frappes aériennes américaines.

De l'aveu même du Pentagone, ces frappes seront insuffisantes pour sauver la ville. En effet, malgré les raids des avions de la coalition, "les jihadistes ont avancé à partir de l'est en direction du centre de la ville", a indiqué, mercredi, à l'AFP le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.

Huit nouvelles frappes

Face à l’avancée dans Kobané des jihadistes, qui ont reçu des renforts en hommes et en équipements, la coalition internationale a intensifié ses frappes près de cette ville proche de la frontière turque.

Les États-Unis, appuyés par la Jordanie, ont lancé, mercredi, huit nouvelles frappes près de Kobané, qui ont détruit cinq véhicules armés, un dépôt d'équipements, un camp de commandement, un camp logistique, et huit baraquements.

Ces frappes "ne vont pas apporter une solution et sauver la ville de Kobané", a averti mercredi le porte-parole du Pentagone, le contre-amiral John Kirby. Selon lui, "il faudrait des troupes compétentes, des rebelles syriens ou des forces gouvernementales irakiennes, pour parvenir à vaincre" le groupe EI.

"Nous poursuivons nos frappes avec nos partenaires. Cela reste une mission difficile", a renchéri le président Barack Obama au Pentagone, à l'issue d'une rencontre avec les plus hauts gradés américains.

Plus de 400 morts

Malgré ces frappes, qui ont un temps permis de repousser les combattants de l'EI vers les faubourgs de Kobané, la ville kurde reste sous les bombardements intenses de l'EI. Et ce, à la vue des chars turcs stationnés à la frontière toute proche et qui, pour
l'instant, n'ont rien tenté pour aider les Kurdes assiégés.

Une inaction d'Ankara qui n'exaspère pas seulement les Kurdes, mais aussi les États-Unis. "Cela ne fait pas de doute, le gouvernement américain estime que la Turquie peut faire plus, devrait faire plus, et qu'ils utilisent des excuses pour ne pas en faire plus", a déclaré un responsable américain sous le sceau de l'anonymat.

Selon les analystes, le gouvernement turc hésite à se lancer dans la bataille de Kobané pour ne pas amplifier les revendications de la population kurde en Turquie, qui réclame une plus grande autonomie.

S'ils réussissaient à conquérir cette ville-clé, les jihadistes s'assureraient le contrôle sans discontinuité d'une longue bande de territoire à la frontière syro-turque.

Depuis le début de l'offensive jihadiste pour prendre Kobané le 16 septembre, plus de 400 personnes ont péri selon l'OSDH, alors que quelque 300 000 habitants de la région ont pris la fuite, dont plus de 200 000 en Turquie.

Avec Reuters et AFP