Jugé par défaut car emprisonné à Alger, Rafik Khalifa, ex-golden boy algérien, va connaître ce mardi le jugement du tribunal correctionnel de Nanterre. Il est suspecté d'avoir détourné des millions lors de la faillite de son groupe en 2002.
Le "Bill Gates africain" a-t-il détourné des millions lors de la faillite de son groupe ? Le jugement de Rafik Khalifa, ex-magnat algérien, est attendu mardi au tribunal correctionnel de Nanterre. Écroué depuis 2007 et extradé vers Alger en décembre 2013, il est jugé par défaut pour banqueroute et détournement de fonds. Le parquet a requis trois ans de prison à son encontre.
Avec lui, dix autres personnes étaient poursuivies : son ex-femme, un notaire, d'anciens représentants de l'entreprise en France ainsi qu'un constructeur et équipementier aéronautique. Ils comparaissaient pour avoir dissimulé un certain nombre d’actifs, notamment trois avions d’une valeur de 5,5 millions d’euros, une douzaine de voitures de luxe et une propriété à Cannes de 35 millions d’euros.
Rafik "le flamboyant"
Les débats, qui se sont tenus en juin à Nanterre ont mis en évidence le train de vie fastueux de l’ancien homme d'affaires et de certains de ses proches aux frais des sociétés du groupe. "Rafik le flamboyant" organisait, notamment, dans sa luxueuse demeure cannoise, de somptueuses réceptions avec des célébrités comme Gérard Depardieu, Catherine Deneuve, Sting ou encore Bono.
À la fin des années 90, Rafik Khalifa, fils d’un ancien ministre algérien, avait bâti, à une vitesse fulgurante, un empire dans les secteurs aérien, bancaire, pharmaceutique et médiatique. Le groupe Khalifa, sponsor de l'équipe de football Olympique de Marseille et de l’équipe de rugby de Bordeaux-Bègles, incarnait la réussite financière de l'Algérie dans le monde.
Au sommet de son ascension, entre 2000 et 2002, le groupe affichait 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires, 20 000 salariés en Algérie et en Europe et… 500 millions d’euros de pertes annuelles, selon une note confidentielle des autorités françaises de l’époque.
Un préjudice estimé entre 1,5 et 5 milliards de dollars
Le château de cartes s’est effondré en 2002. En novembre, Alger décèle des malversations et gèlent les opérations de banque du groupe. Trois des proches collaborateurs de Khalifa sont interceptés à l'aéroport d'Alger alors qu’ils tentaient de fuir avec 2 millions d'euros en liquide. Début 2003, le groupe est placé en liquidation.
Recherché par Interpol, Rafik Khalifa s’est réfugié à Londres début 2003, où il a été arrêté et incarcéré en 2007. Faute de la présence du principal prévenu, Khalifa n’était pas représenté à Nanterre, les juges ont dû se contenter d’entendre les dix autres personnes poursuivies. Le procès ne lève pas le voile sur les zones d’ombre du dossier telles que l’origine de la fortune de Khalifa ou le nom de ses soutiens.
Une fois ce procès achevé, Rafik Khalifa, 48 ans, aura encore à répondre à la justice algérienne, où il a été condamné par contumace en 2007 à la réclusion criminelle à perpétuité. L'effondrement de l’empire Khalifa a causé un préjudice estimé entre 1,5 et 5 milliards de dollars à l'État algérien et aux épargnants.
Avec AFP