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La population de Hong Kong a repris le chemin des bureaux lundi après une large démobilisation des manifestants pro-démocratie. Malgré l’absence de concessions de la part du pouvoir, les protestataires ont opéré un "repli tactique".

Hong Kong la frénétique a renoué avec les embouteillages et les métros bondés. Après une semaine quasiment chômée en raison de manifestations massives et de jours fériés, la métropole financière a repris le travail ce lundi 6 octobre. L’essoufflement de la contestation était évident dans le quartier d’Admiralty, où seuls 200 manifestants demeuraient devant le siège du gouvernement.

Une poignée de protestataires continuaient à bloquer l'entrée du complexe avec des barricades mais autorisaient les entrées. "Je suis heureuse que les manifestants aient ouvert un passage aujourd'hui", s'est réjoui une employée. "J'ai besoin de travailler". Une autre a dit soutenir les manifestants, mais "après le travail".

Sur les sites qui avaient vu se déployer en huit jours des dizaines de milliers de protestataires, la mobilisation était plus faible que jamais lundi. Parmi les irréductibles présents, le soulagement de ne pas avoir été évacués par la police le disputait à l'épuisement.

"C'est bien que rien ne se soit passé (avec la police), j'espérais qu'il se passe quelque chose pour que ça se termine rapidement", a avoué Otto Ng Chun-lung, 20 ans, étudiant en sociologie. "Tout le monde est épuisé, on ne peut pas continuer longtemps".

Hong Kong, ancienne colonie britannique, traverse sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997.

"Repli tactique" des manifestants

Si la Chine a accepté d'instaurer le suffrage universel lors de la prochaine élection du chef de l'exécutif du territoire autonome en 2017, elle entend conserver le contrôle des candidatures, une proposition inacceptable pour les manifestants qui sont descendus dans les rues par dizaines de milliers.

Des professeurs d'université avaient appelé les étudiants, fers de lance de la mobilisation, à quitter les rues dimanche tandis que des protestataires estimaient qu'il était temps d'opérer un repli tactique.

"Même ceux qui soutiennent le mouvement ne veulent pas perdre d'argent", a souligné l'analyste politique Willy Lam. "Je crois qu'il est sage de réduire (l'occupation du terrain) car il serait dur de convaincre l'opinion que poursuivre le blocus permettrait d'obtenir des résultats", a-t-il dit à l'AFP.

"Si les discussions entre les autorités et le gouvernement sont totalement stériles" et que le président chinois Xi Jinping refuse "toute concession, il sera toujours possible de reprendre le mouvement", a-t-il estimé.

La Fédération des étudiants de Hong Kong (HKFS) a rencontré dimanche des représentants du gouvernement pour une "réunion préparatoire" à un dialogue officiel. Mais pour l'instant, celle-ci a estimé que les conditions préalables pour ouvrir les discussions n'avaient pas été remplies.

Pékin, qui craint la contagion démocratique, a à nouveau tiré à boulets rouges lundi sur un mouvement qui emploie des "méthodes illégales" et fait "reculer la démocratie".

Avec AFP